« Keyboard Fantasies » : Beverly Glenn-Copeland : Enchantés !

Des « fantaisies synthétiques » et féeriques de Beverly Glenn-Copeland, exhumées du passé.

Jérôme Provençal  • 12 mai 2021 abonné·es
« Keyboard Fantasies » : Beverly Glenn-Copeland : Enchantés !
© K. Nauber / Flickr

On ne saurait mieux présenter Beverly Glenn-Copeland qu’en citant ses propres mots : « Il y a trois défis dans ma vie. Le premier est d’être noir dans une culture blanche. Le deuxième est d’être transsexuel dans une culture hétéronormative. Le troisième est d’être un artiste dans une culture -commerciale. »

Ayant reçu une assignation féminine à sa naissance, en 1944 (à Philadelphie), puis démarré sa transition dans les années 1990, Beverly Glenn-Copeland s’est publiquement affirmé en tant qu’homme à partir de 2002, sans changer de prénom. Venu à Montréal au début des années 1960 pour suivre un cursus de chant classique à la prestigieuse université McGill, dont il devient l’un des premiers étudiants noirs, il a passé l’essentiel de sa vie au Canada. Depuis cinquante ans, il mène une recherche musicale étroitement liée à une fervente quête spirituelle, dans l’orbite du bouddhisme. Beverly Copeland, son très beau premier album, au confluent du jazz et du folk, paraît en 1970. Au cœur de sa discographie, mince mais ô combien dense, se trouve Keyboard Fantasies (1986).

Autoproduit et distribué à 200 exemplaires, sur cassettes, l’album (le troisième de l’artiste) a été exhumé en 2016 – grâce à un collectionneur japonais ayant mis la main sur l’une des cassettes originales – et fait aujourd’hui l’objet d’une réédition, quasi providentielle, trente-cinq ans après sa sortie confidentielle. On y entend six libres « fantaisies synthétiques » aux strates subtiles et aux rythmiques légères, flottant entre ambient, jazz cosmique et folk féerique. Lorsqu’elle apparaît, la voix onctueuse de Beverly Glenn-Copeland amplifie encore le pouvoir d’enchantement de ces ballades en apesanteur à la beauté solaire presque irréelle. Une musique merveilleuse qui ravit l’oreille autant que l’âme.

Keyboard Fantasies (Transgressive/Pias) beverlyglenn-copeland.bandcamp.com

Musique
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