Pas touche à la Nupes !

Du PS au PCF, la Nupes est remise en cause. Mais, à l’heure où le mouvement social, uni contre la réforme des retraites, appelle la gauche et les écologistes à être à la hauteur de leurs responsabilités, fortifier cette alliance est plus que jamais nécessaire.

Michel Soudais  • 1 février 2023
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Pas touche à la Nupes !
Olivier Faure, réélu premier secrétaire du Parti socialiste le 29 janvier 2023, à Marseille, lors du 80e congrès de la formation.
© CLEMENT MAHOUDEAU / AFP.

L’union est un combat, a-t-on coutume d’entendre dans les rangs de la gauche. Plus que jamais, doit-on dire au sortir d’un week-end où l’on a pu mesurer la résistance des vieux appareils. Le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste (PCF) ne sont plus trop fringants : le premier a vu sa candidate à la présidentielle, Anne Hidalgo (1,75 %), doublée par le vibrionnant chef du second, Fabien Roussel (2,28 %), devancé lui-même par… Jean Lassalle (3,13 %).

L’accord aux législatives, initié par Jean Luc Mélenchon (21,95 %), leur a néanmoins permis de conserver chacun un groupe à l’Assemblée nationale, une perspective jugée très improbable au lendemain du 10 avril. Mais « l’ingratitude est fille du bienfait », notait l’écrivain Henry Murger dans ses Scènes de la vie de bohème. La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) est aujourd’hui remise en cause.

Au PS tout d’abord, que l’appartenance à cette alliance divise profondément. Au deuxième jour de leur congrès, à Marseille, les 186 délégués ont certes mis un terme à plusieurs jours de contestations violentes, d’accusations de fraude et d’insultes, en validant à la quasi-unanimité un « pacte de gouvernance collective et de rassemblement des socialistes ».

Mais ce rabibochage reste de pure façade. Le texte, qui élude toute référence à la Nupes, affirme « poursuivre […] une stratégie de rassemblement de la gauche et de l’écologie » – ça ne mange pas de pain – et « la nécessité que le PS en redevienne la force centrale et propulsive ».

La Nupes a encore fait la preuve de son efficacité dans deux des trois législatives partielles.

Il installe un attelage inédit à la tête du parti : reconduit comme premier secrétaire, Olivier Faure « est accompagné dans l’exercice de ses missions par deux premiers secrétaires délégués » : la maire de Nantes, Johanna Rolland, dont il voulait faire son adjointe, et Nicolas Mayer-Rossignol, son rival, hostile à une Nupes dominée par La France insoumise (LFI).

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Par cet accord, les trois s’engagent à « travailler de façon collégiale, en recherchant le consensus », à veiller à « la confidentialité de leurs échanges » et à « porter de manière solidaire les décisions prises en leur sein ». Mais cette collégialité entraînera immanquablement un rééquilibrage entre les partisans et les pourfendeurs de la Nupes quand bien même les premiers disposeront d’une majorité (courte) au bureau national et au conseil national, dont la présidence a été attribuée à la cheffe de file des anti-Nupes, Hélène Geoffroy.

Au PCF, Fabien Roussel sort largement vainqueur de la première phase du congrès, qui se tiendra début avril, également à Marseille. Son texte, critique sur le bilan de la Nupes, a obtenu près de 82 % des suffrages des 29 898 votants contre 18 % à un texte unioniste qui voulait actualiser les combats du PCF et se rapprocher des partenaires de la Nupes.

« Dans l’équilibre, classique pour la culture communiste, entre l’affirmation identitaire et le souci du rassemblement majoritaire à gauche, c’est le premier terme qui a été jugé plus fondamental que le second », résume l’historien Roger Martelli.

Pourtant la Nupes a encore fait la preuve de son efficacité dans deux des trois législatives partielles organisées dimanche. Dans le Pas-de-Calais, Bertrand Petit, apparenté PS et investi par la Nupes après s’être présenté en juin en dissident, est reconduit face au RN. En Charente, René Pilato (LFI-Nupes) bat le porte-parole d’Horizons, Thomas Mesnier, élu depuis 2017.

À l’heure où le mouvement social, uni contre la réforme des retraites, appelle la gauche et les écologistes à être à la hauteur de leurs responsabilités, dans un moment politique où l’extrême droite menace, fortifier cette alliance est plus que jamais nécessaire.

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Parti pris

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