L’on nous a dit

L’on nous a dit tant de sottises sur ces messieurs « d’exception » que sont Alain Finkielkraut, Michel Onfray ou Mohamed Sifaoui que l’on finirait presque par espérer qu’on l’on se taise un peu.

Sébastien Fontenelle  • 13 juin 2023
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L’on nous a dit
Alain Kinkielkraut, en 2015.
© Joël Saget / AFP

L’on nous a dit partout – dans la presse réactionnaire, comme dans celle dite « de référence », où il compte quelques amis sûrs – que M. Finkielkraut, Alain de son prénom, était quelqu’un de tout à fait bien, et un philosophe d’exception.

L’on convenait, certes, qu’en effet : M. Finkielkraut, au début de ce siècle, s’était porté au prompt secours de son très cher ami (TCA) Renaud Camus, adepte de la fantasmagorie du « grand remplacement », qui venait de se désoler publiquement de ce qu’il appelait une « nette surreprésentation » des « collaborateurs juifs » de France Culture à certaines heures de la journée, pour assurer que ces propos n’étaient pas le moins du monde antisémites. L’on convenait aussi qu’en effet : M. Finkielkraut avait quant à lui déploré, quelques années plus tard – c’était en 2005 –, qu’il y eût tant de joueurs noirs dans l’équipe de France de football. Mais, pour autant, on nous disait (et redisait, et garantissait) que le bon M. Finkielkraut n’était nullement suspect d’être un prêcheur de haine(s) – qu’allions-nous imaginer là ?

Aujourd’hui, M. Finkielkraut juge que c’est à bon droit et « à juste titre » que son TCA Renaud Camus dénonce ce qu’il appelle « le remplacisme global ».

L’on nous a dit, itou – et notamment à gauche –, que M. Onfray, Michel de son prénom, était quelqu’un de tout à fait bien, et un philosophe d’exception.

L’on convenait qu’en effet : M. Onfray pouvait se montrer parfois un peu râpeux dans ses évocations de la religion musulmane. Mais, pour autant, il n’était nullement suspect d’être un prêcheur de haine(s) – qu’allions-nous imaginer là ?

Aujourd’hui, M. Onfray juge – chez M. Bolloré – qu’« on ne peut pas continuer à dire que Marine Le Pen est un danger pour la démocratie quand le danger pour la démocratie, il est visible partout dans les rues, avec les black blocs, avec la violence soutenue par Mélenchon ».

L’on nous a enfin dit partout que M. Sifaoui, Mohamed de son prénom, était quelqu’un de tout à fait bien, et un journaliste d’exception, doublé – nonobstant ses blagues un peu compactes sur « les Portugaises » qui, « contrairement aux salafistes, se sont bien intégrées en France » car « très vite, elles ont appris à se raser » – d’un « républicain » exemplaire.

Aujourd’hui, on lit, dans ce que Franceinfo appelle le « rapport accablant sur la subvention » étatique de 355 000 euros prélevée dans le fonds Marianne et « attribuée à l’association de Mohamed Sifaoui » pour « diffuser en ligne un discours de défense de la laïcité et de lutte contre l’islam radical », que cette association a fait de cet argent un « usage discutable ». Puisqu’en effet, parmi quelques autres curiosités, « des locaux loués sur la prestigieuse avenue Montaigne n’ont été que très peu sollicités, au point qu’un salarié ignorait leur existence », cependant que « les deux principaux porteurs du projet » ont bénéficié, « certains mois » – et aux frais, donc, des contribuables –, d’étonnants « doublements de salaires ».

L’on nous a en somme dit tant et tant de c…, de sottises, que pour quelque temps, et si du moins ce n’est pas trop demander, on pourrait peut-être se taire un peu ? 

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Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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