Numéro spécial « Océans » : notre pêche à lire et à écouter

Une sélection de livres, podcasts et séries par la rédaction de Politis, dans le cadre de son numéro spécial « Océans, face à l’amer ».

Politis  • 19 juillet 2023 abonné·es
Numéro spécial « Océans » : notre pêche à lire et à écouter
Vignette extraite du conte illustré, "Mon île", par Mark Janssen.
© DR

Conte illustré / Mon île, Mark Janssen, Kaléidoscope, 2020, 32 pages, 1 3,50 euros, pour les 3-6 ans.

Mon île Mark Janssen

Cet album est une immersion pour petits et grands dans la féerie de l’océan. Certes, l’histoire commence par un drame : une petite fille, son papa et leur chien naviguent lorsqu’une tempête détruit leur bateau. Ils se réfugient sur une île qui bouge ! C’est une immense tortue, sa carapace à la surface, sa tête bienveillante sous l’eau. Ce naufrage est le début d’un nouveau voyage haut en couleur. Le texte minimaliste laisse la place aux illustrations grandioses. Des aquarelles sur une immense double page, chacune consacrée à une couleur (rouge, vert, bleu), qui nous embarquent, nous invitent à scruter la beauté des mers. Un impressionnisme sensible pour un conte écologique sans aucun moralisme.

Album / « 100 Photos pour la liberté de la presse », Reporters sans frontières, 144 pages, 12,50 euros

RSF Mer

Dans cet album, on découvre ce plongeur sur la Riviera photographié par Brassaï, et ces terre-neuvas accrochés au mât capturés par Anita Conti dans les années 1930. Et aussi cette tortue verte solitaire en Australie qui fixe l’objectif d’Aimee Jan en 2008, et cette vague stupéfiante dans l’océan Arctique immortalisée par Vincent Munier. Pour son nouvel album « 100 Photos pour la liberté de la presse », Reporters sans frontières rend hommage à la mer sous toutes ses formes : sauvage, habitée, menacée, nourricière, havre de joie. Le philosophe du vivant Baptiste Morizot signe la préface, touche supplémentaire de poésie et de réflexion face à l’immensité de ces scènes de vie.

Podcast / Dans le creux de la vague, avec Isabelle Autissier, « Les Baladeurs », Les Others

Dans le creux de la vague, avec Isabelle Autissier

Il y a des mers d’huile et des « vagues hautes comme les Alpes ». L’image est édifiante. C’est celle utilisée par le navigateur canadien Gerry Roufs dans son dernier message adressé aux organisateurs du Vendée Globe, en janvier 1997. Parmi les quatorze compétiteurs figurait la Française Isabelle Autissier. L’actuelle présidente d’honneur du WWF-France raconte, dans le podcast des « Baladeurs » – une excellente série « d’aventures et de mésaventures en pleine nature » –, comment elle a essayé de sauver son compère de galère, disparu en mer. Un récit glaçant qui donne à entendre la puissance de l’océan. Écouter ici.

Série / Abysses, Saison 1, 8 épisodes, France 2

Abysses

Pourquoi les baleines sont-elles absentes à cette saison ? Pourquoi s’en prennent-elles aux bateaux de tourisme ? Quelle est cette sécrétion qui jaillit du homard prêt à être cuisiné ? Pourquoi tous ces blocs d’hydrate de méthane remontent-ils à la surface ? Adaptée du roman de science-fiction de Frank Schätzing The Swarm, la série Abysses mise avec brio sur l’angoisse de ce siècle : les désastres écologiques causés par l’homme et la nature qui contre-attaque. Un thriller haletant qui fait la part belle aux scientifiques menant l’enquête aux quatre coins du monde pour découvrir pourquoi ce monde terrestre et sous-marin part à vau-l’eau.

Roman / Les Flibustiers de la mer chimique, Marguerite Imbert, Albin Michel Imaginaire, 2022, 464 pages, 22,90 euros

Les Flibustiers de la mer chimique Marguerite Imbert

Des eaux toxiques où ne survivent que des monstres marins auto-adaptés, des sous-marins radicalement étanches aux mains de mercenaires déjantés, des arbres qui se vengent silencieusement de ce que les hommes font subir à la planète… La vie est assez destroy dans Les Flibustiers de la mer chimique !L’histoire s‘articule autour de plusieurs personnages : sur terre, Alba, du clan des Graffeurs, les dépositaires de la mémoire de l’humanité ; sur la mer, Ismaël, naturaliste mélancolique en mission secrète, et Jonathan, l’excentrique capitaine. L’autrice pousse vers l’absurde les réalités déjà concrètes de notre monde à la dérive. Un air de Jules Verne en plus moderne, mordant et déluré, apocalyptique mais pas déprimant, qui nous embarque totalement.

Biographie / Daniel Pauly, un océan de combats, David Grémillet, Éditions Wildproject, 2019, 408 pages, 22 euros.

Daniel Pauly, un océan de combats David Grémillet

Daniel Pauly partage un point commun avec l’océan qu’il défend : la résilience. Dans cette biographie écrite par David Grémillet, lui-même océanographe spécialiste des oiseaux marins, on apprend qu’il est né en 1946 d’une mère ouvrière française et d’un GI afro-américain, on découvre son enfance très dure en Suisse, puis sa rencontre avec l’océanographie. Pas une passion, mais un métier pour se sentir utile dans les pays du tiers-monde et être en accord avec ses convictions politiques. Il étudie les pêcheries au Ghana, en Indonésie, au Pérou, aux Philippines, et tire le signal d’alarme sur le déclin des populations de poissons et l’épuisement des océans. Un lanceur d’alerte océanique peu connu, l’opposé d’un Cousteau clinquant, qui mérite d’être découvert, lu et écouté.

Enquête / L’Imposture océanique. Le pillage « écologique » des océans par les multinationales, Catherine Le Gall, La Découverte, 2021, 240 pages, 18,90 euros

Pour Catherine Le Gall, les pêcheurs ne peuvent pas être accusés de tous les maux qui touchent les océans. Si l’industrialisation de leurs méthodes est responsable d’un accaparement des ressources, la disparition de la biodiversité océanique trouve également ses origines ailleurs, selon la journaliste. Son enquête débute au Guilvinec – premier port français de pêche artisanale – mais s’éloigne rapidement des côtes pour s’intéresser, par exemple, aux cultivateurs de tulipes du pays bigouden. À grand renfort de pesticides ruisselant dans la mer, c’est l’une des plus grandes sources de pollution de l’eau dans la zone. Grâce à plusieurs exemples à travers le monde, Catherine Le Gall dénonce un « hold-up écologique de la mer » par des multinationales de l’économie bleue.

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