Éducation : la mobilisation reprend pour un plan d’urgence en Seine-Saint-Denis
Plusieurs centaines de professeurs ont manifesté, ce mardi 10 septembre, à Paris, pour protester contre le « choc des savoirs » voulu par Gabriel Attal. Le corps enseignant de Seine-Saint-Denis en a également profité pour tirer de nouveau la sonnette d’alarme sur la situation critique dans leur département.
« La dissolution a interrompu les négociations avec le ministère. Mais les besoins, eux, sont toujours là. » Devant le jardin du Luxembourg, à Paris, ce mardi 10 septembre, un enseignant au collège à Bagnolet résume son inquiétude. À l’appel de l’intersyndicale nationale SNUipp-FSU, CGT-Educ’action et SUD-Éducation, ce professeur s’est déplacé pour exprimer son rejet de la réforme du « choc des savoirs », initialement voulu par Gabriel Attal en tant que ministre de l’Éducation. Mais aussi pour relancer la mobilisation pour un plan d’urgence pour l’éducation publique dans le 93 (Seine-Saint-Denis).
L’école publique n’est pas la même selon les villes et les quartiers où l’on habite.
A. Corbière
En effet, si l’appel à la mobilisation dans le primaire est national, l’intersyndicale de la Seine-Saint-Denis en a profité pour également en faire sa rentrée sociale. Mina, enseignante au collège à Aubervilliers et militante pour un plan d’urgence pour le département 93, assène : « On demande les mêmes moyens pour l’éducation, partout en France et on n’a pas encore obtenu gain de cause. »
Les écoles, collèges et lycées du département le plus pauvre de France métropolitaine sont dans une situation critique. « L’école publique n’est pas la même selon les villes et les quartiers où l’on habite », regrette Alexis Corbière, député du groupe Écologiste et social en Seine-Saint-Denis, présent lors du rassemblement. Selon une enquête de l’intersyndicale du 93, il faudrait recruter massivement pour répondre aux besoins des élèves avec un coût total chiffré à 358 millions d’euros. Tout cela sans parler des problèmes d’infrastructures, bien souvent très importants.
« Les revendications n’ont pas changé »
Depuis sept mois, et le lancement de ce mouvement d’ampleur, très suivi au printemps dernier par les enseignants, mais aussi les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes, « les revendications n’ont pas changé », souffle Mina. « Aucun des problèmes ayant conduit à la très forte mobilisation de l’année dernière n’a été réglé », abonde Alexis Corbière.
L’autre grande revendication des enseignants du 93 rejoint celle des syndicats nationaux du primaire. La fin de la réforme très contestée « du choc des savoirs ». Cette réforme prévoit notamment de réaliser des évaluations dès la rentrée sur les élèves de primaire du CP au CM2, mais également de créer des groupes de niveaux au collège. Les syndicats, qui dénoncent une politique de « tri social » appellent, eux, à un « choc des moyens contre le choc des savoirs ».
Ils invitent également les professeurs du premier degré à ne pas faire passer ces évaluations pour « faire blocage », alors que la rue de Grenelle est toujours désertée d’un ministre de plein pouvoir. « Les leviers pour réorienter la politique en partant du terrain n’ont jamais été aussi grands pour les personnels. Le rouleau compresseur macroniste n’est plus, et c’est enthousiasmant. Cela va nous permettre d’essayer de continuer à enliser les réformes que nous contestons vivement », soulignait, la semaine dernière dans nos colonnes, le secrétaire général de la FSU, Benoît Teste.
Il faut reconstruire la mobilisation, car elle s’est essoufflée avec la rentrée.
Ainsi, au départ de la manifestation au jardin du Luxembourg, l’intersyndicale a également demandé de « convaincre nos collègues qui ont fait passer les tests standardisés de ne pas faire remonter les résultats ».
Malgré tout, les manifestants étaient peu nombreux cet après-midi. « Il faut reconstruire la mobilisation, car elle s’est essoufflée avec la rentrée », souligne un enseignant de Bobigny. Un nouveau questionnaire de l’intersyndicale de Seine-Saint-Denis est prévu pour cette rentrée afin d’enquêter sur l’évolution des besoins dans le département. Dans l’attente d’une nomination au ministère de l’Éducation nationale, le corps enseignant espère une « reprise des négociations » dès que possible. Les moyens de l’école dans le 93, un dossier qui figurera tout en haut des dossiers chauds du futur locataire de la rue de Grenelle.