Ingérence italienne

Michel Soudais  • 28 avril 2007
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Plus qu’un soutien, c’est une feuille de route qu’a adressée, vendredi soir, Romano Prodi à Ségolène Royal, au PS et à… François Bayrou. Le Président du conseil italien l’a encouragé à bâtir une alliance entre socialistes et centristes, dans un message vidéo diffusé au cours d’un meeting qui a rassemblé près de 15.000 personnes, à Lyon. Plus professoral que jamais, le chef du gouvernement italien a expliqué qu’ « à travers cette élection » se jouait « la rénovation de la vie politique française et, au-delà, de la vie politique européenne » .

L’invitation faite à Romano Prodi de s’ingérer ainsi dans le débat de l’entre-deux tours, éclaire les intentions de Ségolène Royal et de son équipe, à la veille du débat entre la candidate socialiste et le président de l’UDF [^2], retransmis ce samedi à 11h00 en direct par BFM-TV et RMC, dont Mme Royal espère qu’il va permettre de dégager des points de convergence avec le centriste.

« Le message que j’ai pour toi, pour mes amis socialistes et centristes, pour mes amis français tout court est simple » , a déclaré le Président du Conseil italien et ancien Président de la Commission européenne, qui s’exprimait en français: « Nous, les démocrates et socialistes européens convaincus, nous devons unir nos forces, nous concentrer sur un agenda commun et donner ensemble un nouveau projet de société à nos concitoyens. »

Suivre l’exemple italien

Le vainqueur de Berlusconi a implicitement invité ses amis français à suivre l’exemple italien. « Le gouvernement que je dirige est déjà le résultat de cette convergence entre la tradition et les valeurs socialistes et celles de démocrates » , a-t-il expliqué. Avant de rappeler, à ceux qui l’ignorent encore, que dimanche, « lorsque les Français votaient à Paris, Bordeaux, à Lille ou à Lyon, les deux partis majeurs du centre-gauche italien, les démocrates de gauche (héritiers du PCI, NDR) et la Marguerite, venaient de prendre, à l’issue de leurs deux congrès, une décision historique : celle de donner vie, ensemble, à un nouveau Parti démocrate, qui réunira les démocrates, les socialistes, les réformistes, les progressistes italiens » [^3].
« Je suis convaincu que des nouvelles alliances de centre gauche peuvent aujourd’hui donner un nouveau dynamisme à la vie politique et démocratique de nos sociétés et de notre Europe » , a ajouté Romano Prodi.

Selon lui, « c’est par cette nouvelle alliance de centre gauche, c’est par cette démocratie participative que passe aujourd’hui toute possibilité de faire à la fois les réformes dans nos pays européens et la réforme de notre Europe » .

« En tant que démocrate, en tant qu’européen convaincu, je suis avec vous, je suis pour cette nouvelle donne politique dans nos pays et en Europe » , a conclu le président du Conseil italien qui dirige une alliance de centre gauche dans son pays.

Dans son discours, Ségolène Royal n’a pas manqué de «remercier Romano Prodi, du fond du cœur pour son message» , estimant qu’au second tour les électeurs auraient «le choix entre le candidat soutenu par Berlusconi et la candidate soutenue par Zapatero et Romano Prodi» . «Ce qui va se passer le 6 mai est ardemment regardé dans les autres pays du monde, et en particulier en Europe» , a-t-elle averti. Comme pour mieux souligner combien les attentes européennes formulées par l’ancien président de la Commission devraient être satisfaites.

[^2]: Voir « Ce que veut Bayrou ».

[^3]: Cette fusion et ses implications sont analysées cette semaine dans Politis par Olivier Doubre.

Temps de lecture : 3 minutes
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