« L’écologie doit rester fidèle aux valeurs de gauche »

Politis  • 27 novembre 2008 abonné·es

À quelques « Allègre » près, la crise environnementale est reconnue par l’ensemble des décideurs politiques et économiques. Cette prise de conscience s’accompagne de la volonté d’accaparer l’écologie par l’ensemble des forces politiques, droite et gauche confondues. D’autres structures politiques ou associatives affirment que l’écologie ne serait ni de droite ni de gauche.
Si l’on se contente de parler d’environnement, implicitement ce qui entoure la vie de l’espèce humaine, il est imaginable de chercher des réponses techniques pour résoudre un nouveau paramètre dans le système actuel.
Mais si l’on pense que la crise écologique est liée au pillage des ressources planétaires, que la finitude du monde est patente, que le temps des explorateurs et défricheurs de nouvelles terres est clos, que les richesses et les niveaux de vie atteints dans les pays riches sont dus à l’exploitation des pauvres du Nord, mais aussi à celle des pays du Sud, de leurs ressources et de leurs habitants, alors la crise n’est plus un simple paramètre à intégrer, mais une crise systémique qui impose de reprendre tous les fondamentaux, y compris idéologiques.
Le bonheur et la vie ne peuvent se résumer à une accumulation de biens produits ou prélevés sur la planète. L’égalité et la justice sociale ne peuvent plus se traduire par un mode de développement porté par une croissance permettant à tous d’en obtenir les fruits.
La droite, entre autres par le « Grenelle de l’environnement », tente d’intégrer le coût environnemental dans la logique libérale. La taxe CO2 en est un ­exemple. La gauche parle de croissance propre, de pollueur-payeur. Elle considère ­l’écologie comme une simple variable d’ajustement, restant enfermée dans le cadre traditionnel de la logique « production, croissance, création de richesses, réduction des inégalités ». Elle considère les réponses du système actuel aux dégâts environnementaux comme une dynamique économique porteuse d’une nouvelle croissance.

Les Verts louvoient entre un accord ­d’union avec PS et PC, comme à la fête de l’Huma , et la construction d’un pôle écologique stricto sensu . Celui-ci présente le risque d’un enfermement environnementaliste se réduisant à la déclinaison d’un développement durable, d’une croissance verte et d’une seule logique économique environnementale.

Alors l’écologie est-elle de droite ou de gauche ?
En fait, tous considèrent comme prioritaire d’intégrer dans le système actuel le prix de la planète. Intention ­louable, logique du moins pire, volonté plus ou moins sincère. Certes, la gauche traditionnelle affirme plus clairement vouloir réduire les inégalités. Mais, au final, ces trois démarches s’adaptent au système actuel, à son mode de production et de croissance, qui de lui-même génère les inégalités. Bien pire, les conséquences des dégâts écologiques et de la dégradation des conditions de vie touchent toujours plus les pauvres que les riches.
Il existe une ébauche de réponse. C’est la construction d’une force écologique et sociale où l’écologie sera le vecteur essentiel pour la redéfinition d’un système, d’une nouvelle répartition. Ce doit être la fin du « produire plus » pour réduire les inégalités, comme l’illustre la prolifération de la voiture low-cost en Inde ou l’illusion consumériste du super-écran plat pour les pauvres des pays riches. C’est par cette voie que l’écologie sera reconnue fidèle aux valeurs de gauche et que l’on pourra légitimement récuser la droite et les ni-ni.
Pendant ce temps, pour la première fois de mémoire d’homme, le pôle Nord n’est plus relié à la terre ferme. Les hommes peuvent en faire le tour en bateau. Le réchauffement climatique s’accélère pour les uns. La crise énergétique s’éloigne pour les autres, car l’Arctique recèlerait plus de 20 % des ressources énergétiques non découvertes exploitables !

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