« Les jeunes n’ont aucune perspective »

Olivier Doubre  • 19 février 2009 abonné·es

Comment expliquer cette mobilisation populaire sans précédent dans la plupart des départements d’Outre-Mer ?

Huguette Bello : Ce qui frappe dans ces mouvements, c’est l’unanimité qu’ils suscitent dans la population. Il ne s’agit pas d’une poussée corporatiste. Presque tout le monde se retrouve devant le triptyque du pouvoir d’achat, du chômage et du manque de logements. La cherté de la vie est évidemment le déclencheur. Dans nos pays, c’est là un problème ancien et récurrent que, cette fois, la crise mondiale exacerbe. Ce qui est contesté, c’est le poids des monopoles économiques et l’aggravation des inégalités sociales, cela dans un climat d’interrogations identitaires. Pour la première fois sans doute depuis 1946, année de la départementalisation, ces quatre régions expriment ensemble un malaise dont les origines sont multiples, mais que la politique du gouvernement actuel a ravivé. Depuis de longues années, ce malaise a été nié, occulté par les abstractions chiffrées.

En tant que députée de la Réunion, pensez-vous que ce département va rejoindre le mouvement ?

Il faut savoir qu’en novembre nous avons déjà connu, à la Réunion, des mouvements de protestation contre le prix des carburants, l’un des plus chers du monde. Il faut noter aussi que l’augmentation des prix y a été trois fois supérieure à celle de l’Hexagone, que le chômage, le plus important des Régions européennes, a encore fait un bond de 17 % en 2008, et que plus de 30 000 familles attendent un logement social. Toutes les raisons de mécontentement sont donc réunies. Plus encore que dans les autres DOM, la jeunesse est l’élément central de la situation. Elle représente une part très importante de la population et se trouve frappée de plein fouet. Le diplôme n’est plus une garantie contre le chômage. À 20 ans, trop de jeunes n’ont aucune perspective, d’autant que les déplacements hors de l’île ont un coût exorbitant. Cette jeunesse pressent, mieux encore que le reste de la population, à quel point la société réunionnaise a besoin d’un nouvel élan.

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