Le NPA exprime surtout un souci de radicalité

Si les objectifs du Nouveau Parti anticapitaliste sont nobles, la question des moyens demeure la grande inconnue, explique Philippe Pignarre.

Olivier Doubre  • 21 mai 2009 abonné·es

Où va le NPA ? Quels sont ses objectifs ? Par quels moyens mettre en œuvre son anticapitalisme revendiqué haut et fort ? Que signifie précisément celui-ci ? Surtout, comment le NPA compte-t-il agir sur le réel ? Longtemps militant et même permanent de la LCR, Philippe Pignarre, aujourd’hui directeur des Empêcheurs de penser au rond, maison d’édition qu’il a fondée il y a quinze ans, était bien placé pour se pencher sur la mutation récente de la LCR en NPA. Et il a l’honnêteté de dire à quelle distance il se tient de son sujet : ni adhérent ni indifférent. Pourtant, son livre est loin de répondre à toutes les questions. Visiblement plein d’empathie, admiratif de la ténacité de ses anciens camarades et de l’engouement des nouveaux adhérents, Philippe Pignarre montre certes que l’idée du « tous ensemble » – le slogan fédérateur des grandes grèves de 1995 – constitue bien les fondations de ce nouvel acteur politique, en vue d’agréger les nombreux mouvements nés depuis la chute du mur de Berlin. Il s’agit là de la nébuleuse altermondialiste, mais aussi des mouvements de sans-papiers, de précaires, de malades du sida, des luttes écologistes, etc. Mais, au-delà, Philippe Pignarre est forcé d’admettre qu’en abandonnant le modèle du parti d’avant-garde tout en affichant une volonté de rupture radicale, le NPA devra «  inventer beaucoup de choses pour réussir » .

Si les objectifs sont nobles, c’est bien la question des moyens qui demeure la grande inconnue. Peut-être le NPA n’a-t-il pas encore la réponse. Si, pour lui, les élections ne constituent pas l’enjeu crucial, il ne lui reste plus que l’attente du « grand soir », de la grève générale insurrectionnelle et de mouvements de type Mai 68. Surfant sur le ras-le-bol du chantage au vote utile pour un PS qui dérive toujours plus vers sa droite et l’acceptation des politiques néolibérales, le NPA exprime essentiellement un souci de radicalité. Mais il risque ainsi de se borner à remplir une fonction tribunitienne pour les mobilisations qui secouent le corps social. Or, comme le reconnaît Philippe Pignarre, cette « machine de guerre » qui a pris le nom de NPA ne saurait *« se suffire à elle-même pour inventer ce qui pourrait mériter le nom d’anticapitalisme ».
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Publié dans le dossier
Démocratie européenne
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