Le début de la fin de l’ère Moubarak

Les législatives de dimanche sont déjà entachées de nombreuses irrégularités, sur fond de montée en puissance des Frères musulmans et de Mohammed El-Baradei.

Denis Sieffert  • 25 novembre 2010 abonné·es

Les élections législatives égyptiennes, qui doivent se tenir ce dimanche, ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices. Les Frères musulmans, la principale force d’opposition, ont accusé lundi le régime de « trucage » . Vendredi, des heurts ont opposé des partisans de la confrérie islamiste aux forces de l’ordre. Quelque 250 personnes ont été arrêtées à travers le pays. L’un des leaders des Frères, Mohammed Mursi, a accusé le régime de « falsifier la volonté des Égyptiens » . Les États-Unis eux-mêmes, grands bailleurs de fonds de l’Égypte, ont mis en garde le régime contre toute entrave au bon déroulement du scrutin.

Ces élections revêtent une importance particulière pour le régime. Si le Parti national démocratique, du Président Hosni Moubarak, est assuré d’une large majorité, les Frères musulmans, à la fois tolérés et officiellement interdits, présentent 130 candidats pour les 508 sièges en jeu. Ils pourraient donc disposer d’une importante représentation. Par-dessus tout, Hosni Moubarak, 80 ans et trente ans de pouvoir sans partage, redoute une coalition de toutes les oppositions dans la future ­assemblée. Le grand rival de Moubarak, l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique Mohammed El-Baradei – l’homme qui avait résisté à Bush dans le dossier iranien – a besoin de l’appui de 250 élus pour confirmer sa candidature. Celle-ci constituerait une menace pour le clan Moubarak, surtout dans l’hypothèse vraisemblable où le Président sortant tenterait de faire élire son fils, Gamal, en 2011. Bref, il y a au Caire comme l’amorce d’une fin de règne. Mais Moubarak ne l’entend évidemment pas de cette oreille.

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