Lu, vu, entendu

Politis  • 19 mai 2011
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LU

« Je n’ai décidément pas envie de voir la Conquête » , a répété Nicolas Sarkozy dans un entretien publié dans Télérama (11 mai). «  Par respect pour ma femme, Carla » , explique-t-il, celle-ci ayant toutefois annoncé qu’elle irait voir le film, mais aussi « pour protéger ma santé mentale » . « En général , justifie le chef de l’État, je ne lis pas ce qu’on écrit sur moi. Si c’est critique, je trouve ça injuste ; si c’est laudateur, ça ne l’est jamais assez [sic]. » Car il ne faudrait pas penser que notre Président n’aime pas le cinéma. « Près d’un soir sur deux, avec Carla, je regarde un film » , fanfaronne-t-il, noms de séries anglo-saxonnes à l’appui ( « Oui, j’appelle ça du cinéma ! » ). Avant de livrer sa définition bien particulière de l’art : « Vous savez, chaque acte dans la vie d’un président est une forme de création » … Ne disait-il pas pourtant, quelques lignes plus haut, « le narcissisme n’est jamais la bonne solution, et trop de narcissisme rend fou »  ?

VU

Invraisemblable connivence, lundi dans le 13 heures de TF 1. À l’occasion du colloque de la Fondation Carla Bruni-Sarkozy sur la lutte contre l’illettrisme, Jean-Pierre Pernaut recevait la première dame de France dans son JT. L’entretien commence après de longues minutes consacrées à « l’affaire DSK » , sur laquelle Mme Sarkozy, prudente, ne fera « pas de commentaire ». Usant d’une syntaxe étonnante, elle évoque le travail des associations dans ce combat contre l’illettrisme. Son engagement est si prenant qu’il l’aurait conduit à reporter à l’année prochaine la sortie de son nouvel album. Pernaut, tout sourire, clôt la conversation : « Je sais que vous détestez parler de votre vie privée, mais j’ai envie simplement de vous féliciter. » Carla pouffe : « Merci… Je vous félicite aussi. » Il n’a pas été question de la naissance attendue, mais chacun aura compris. Sarkozy peut compter sur TF 1 pour opposer un couple présidentiel modèle à des adversaires aux mœurs bien plus troubles.

ENTENDU

Le député UMP de Paris Bernard Debré aura été, dès l’annonce de l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, son plus virulent accusateur. « C’est humilier la France que d’avoir un homme, comme lui, qui se vautre dans le sexe » , a-t-il déclaré dimanche matin sur Europe 1. Mais pour ce célèbre professeur de médecine, spécialiste de la prostate – il avait opéré François Mitterrand –, qui refusait obstinément le bénéfice de la « présomption d’innocence » au directeur du FMI, ce qui semblait surtout « terrible » , c’était moins les faits reprochés à cet « homme peu recommandable » que « le tort considérable [fait par lui] à la classe politique » , réputée unie.

Les échos
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