Max, la cigogne qui raconte le climat…

Les tribulations de Max la cigogne, équipée d’un capteur électronique, illustrent la réalité du réchauffement climatique.

Claude-Marie Vadrot  • 16 septembre 2011
Partager :
Max, la cigogne qui raconte le climat…
© Photo : H. Bürgermesiter

Max, contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, est une cigogne femelle et suisse. Au cours de l’année 2000, les scientifiques du Muséum d’histoire naturelle de Fribourg ont eu l’idée de l’équiper d’un minuscule émetteur satellite qui permet de suivre jour après jour sa pérégrination migratoire. Ce qui permet d’en tracer des cartes passionnantes pour les spécialistes. Ceux des oiseaux comme ceux du climat. Comme les spécialistes suisses ont de la chance, cet oiseau qui niche chaque année en Suisse – Max fut l’une des premières à y revenir – a échappé depuis à tous les nombreux pièges qui menacent les migrateurs. A commencer par les chasseurs : quatre cigognes ont été abattues à coups de fusils au mois de juillet dernier près de Saintes en Charente Maritime. Elles ont été retrouvées, truffées de plomb, par les bénévoles de la Ligue pour la protection des oiseaux. Il y a aussi les lignes électriques à haute tension autour desquelles, dans le Sud de la France comme en Espagne, elles se « grillent » parce que EDF entretient de plus en plus mal les isolateurs de son réseau. Il y a enfin les empoisonnements, volontaires ou involontaires, qui en tuent des dizaines chaque année au cours de leurs voyages.

Au début de cette passionnante poursuite de la migration, Max, comme beaucoup d’autres cigognes, passait son hiver dans le Sud du Maroc ou le Nord du Mali. Progressivement, au fur et à mesure que les années passaient, Max s’est rapprochée du Nord du Maroc. Puis, il y a six ans, Max a réchauffé ses plumes dans le Sud de l’Andalousie, n’éprouvant plus le besoin d’aller plus loin. Avant de se contenter, il y a trois ans, de passer son hiver dans la région de Madrid, suivant ainsi la progression du réchauffement climatique. Avec beaucoup d’autres de ses congénères.

Parallèlement, et fort logiquement, Max revient de plus en plus tôt vers la France qu’elle traverse, et sa migration de retour est de plus en plus tardive. Au début de cette semaine, elle vient seulement de quitter son nid pour un voyage qu’elle devrait accomplir, ce qui est également nouveau, avec son compagnon, toujours le même (les cigognes sont fidèles…). Il y a quelques jours, ses petits ont pris le chemin de l’Espagne. Elle en a élevé 29 depuis son premier voyage en l’an 2000.

Preuve que le réchauffement climatique n’est pas une fable, des cigognes commencent à passer l’hiver dans le Sud de la France. Là où elles sont trop souvent victimes des chasseurs. Il n’est pas impossible qu’un jour, Max, trouvant le nouveau climat à son goût, en fasse autant : en attendant, plutôt que de voler vers l’Espagne, elle visite la Suisse ! Tout simplement parce que septembre étant doux et les températures moyennes ayant changé, elle peut trouver sa nourriture sans accomplir un long voyage. Nombreux sont ainsi les oiseaux, petits ou grands, qui réduisent leurs migrations pour suivre le réchauffement climatique.

Écologie
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »

Philosophe et autrice de L’Être et la mer, Corine Pelluchon appelle à regarder l’humanité depuis l’océan, pour repenser sa place, appréhender sa vulnérabilité et ouvrir à un imaginaire de la solidarité.
Par Caroline Baude et Hugo Boursier
COP 30 :  « En tant qu’activistes, on est presque obligées de trouver des manières originales de militer »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

COP 30 : « En tant qu’activistes, on est presque obligées de trouver des manières originales de militer »

Après plus d’un mois de navigation, cinq activistes pour le climat sont arrivées à la COP 30, à Belem, à bord d’un voilier. Objectif : faire converger les luttes climatiques, antiracistes et féministes. Entretien.
Par Kamélia Ouaïssa
À Belém, un projet d’égouts symbole du racisme environnemental
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

À Belém, un projet d’égouts symbole du racisme environnemental

En prévision de la COP 30, des travaux d’assainissement sont menés à la Doca, un quartier aisé de Belém, au détriment de Vila da Barca, bien plus défavorisé. La population, rompue à la résistance, dénonce du racisme environnemental.
Par Giovanni Simone et Anne Paq
Le paradoxe brésilien : du pétrole pour financer la transition
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

Le paradoxe brésilien : du pétrole pour financer la transition

Le gouvernement autorise de nouveaux forages au large de l’Amapá, l’une des régions les plus pauvres du pays. Un pari économique qui contraste avec l’urgence des enjeux climatiques et représente une menace directe pour la Guyane voisine.
Par Tristan Dereuddre