« L’Intervallo » : Rêve napolitain

L’Intervallo, de Leonardo Di Costanzo, une parenthèse dans la violence ordinaire.

Christophe Kantcheff  • 2 mai 2013 abonné·es

Parce qu’elle a transgressé un diktat de la mafia de son quartier de Naples (elle est sortie avec un garçon « ennemi »), une jeune fille est retenue dans une grande maison tombant en ruine. Elle a pour geôlier un adolescent sur lequel on a fait pression pour qu’il la surveille, sans qu’il soit lui-même un mafioso. L’intervalle du titre –  l’Intervallo  – est ce temps que l’un et l’autre vont passer ensemble, d’abord dans la méfiance, puis, petit à petit, en se considérant davantage, jusqu’à la complicité entre eux.

Leonardo Di Costanzo , dont ce film est la première fiction après plusieurs documentaires, parvient à transformer progressivement ses deux personnages. À fleur de peau du réel, ils ont au début la dureté de ceux qui doivent chaque jour se battre dans la rue. Pourtant, dans ce décor unique et étrange – le cinéaste a utilisé un ancien hôpital psychiatrique –, demeure décrépie mangée par l’ombre et propice à la fantasmagorie, Salvatore et Veronica retrouvent leur part d’enfance. Ils jouent à rêver d’une autre vie. Mais Veronica n’est qu’en sursis. La sanction de la mafia est à venir. Ce n’est pourtant pas un petit caïd qui l’incarne, mais un jeune homme au physique d’étudiant. La violence de celui-ci n’a rien de physique. Elle est plus sournoise, plus banale, donc plus terrifiante. L’Intervallo est un film terrible et doux.

Cinéma
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