Turquie : Une contestation globale du pouvoir

Face à la fronde, le Premier ministre réplique par la force.

Lena Bjurström  • 6 juin 2013 abonné·es

«C e qui se passe n’a plus rien à voir avec l’arrachage de douze arbres », déclarait dimanche Recep Ayyip Erdogan. En cela, au moins, il semblerait que le très contesté Premier ministre turc n’ait pas tort. En Turquie, ce qui a commencé avec l’occupation par une centaine de militants d’un parc menacé par un projet de réaménagement urbain à Istanbul s’est en quelques jours transformé en une contestation nationale de la politique du Premier ministre et du parti islamo-conservateur, l’AKP. Depuis la répression des manifestants stambouliotes, le 31 mai, la contestation s’est propagée dans d’autres villes du pays, prenant une ampleur inédite depuis l’arrivée au pouvoir de M. Erdogan et de son parti, en 2002.

D’Izmir (ouest) à Gaziantep (sud-est) en passant par la capitale, Ankara, des milliers de personnes ont dénoncé les pratiques autoritaires du Premier ministre et sa volonté «  d’islamiser  » le pays. Mais le gouvernement campe sur ses positions, répondant par l’envoi de forces de police dans chaque ville. Les affrontements auraient fait plus de 1 700 blessés dans les deux plus grandes villes et un mort à Istanbul, d’après les syndicats de médecins. Alors que le président turc, Abdullah Gül, appelait lundi au calme, M. Erdogan invitait ses compatriotes à ne pas céder aux «   provocations d’éléments extrémistes », avant de s’envoler, confiant, pour une tournée de quatre jours au Maghreb. Pour les « extrémistes » en question, il ne s’agit plus seulement d’un parc, il s’agit de démocratie. La répression des manifestants n’aurait que rallumé les braises alimentées depuis des mois par les mesures contestées du gouvernement. Tandis que, dans la rue, les manifestants assuraient vouloir «   maintenir la pression », en début de semaine, la confédération des syndicats de la fonction publique Kesk appelait à une grève de 48 heures, les 4 et 5 juin, en réponse à la « terreur d’État ».

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Aux États-Unis, « une esthétique de la peur au cœur de la médiatisation des expulsions »
Donald Trump 20 octobre 2025 abonné·es

Aux États-Unis, « une esthétique de la peur au cœur de la médiatisation des expulsions »

Chercheur spécialiste des expulsions forcées, WIlliam Walters décrypte la façon dont l’administration Trump organise sa politique migratoire. Il explique également comment la communication autour de ces pratiques violentes est présentée comme un « spectacle » pour le public américain.
Par Pauline Migevant
Comment Trump et les Gafam empêchent la résistance contre les expulsions forcées
Expulsion 20 octobre 2025 abonné·es

Comment Trump et les Gafam empêchent la résistance contre les expulsions forcées

L’application ICEBlock, qui permettait d’anticiper les raids des forces spéciales anti-immigration, a été fermée par Apple, en accord avec Donald Trump. Politis donne la parole à son développeur, en colère contre la trahison du géant américain.
Par Sarah Laurent
Budget record pour l’ICE : Trump déploie sa machine anti-immigration
Décryptage 20 octobre 2025

Budget record pour l’ICE : Trump déploie sa machine anti-immigration

Avec plus de 120 milliards de dollars prévus d’ici à 2029, l’agence de l’immigration américaine connaît une expansion sans précédent. Centres de détention, recrutements massifs et expulsions à la chaîne deviennent les piliers du programme Trump.
Par Maxime Sirvins
Gen Z : l’internationale contestataire
Monde 17 octobre 2025 abonné·es

Gen Z : l’internationale contestataire

Comme en 1968, une jeunesse mondiale se lève à nouveau, connectée, inventive et révoltée. De Rabat à Katmandou, de Lima à Manille, la « Gen Z » exprime sa colère contre la corruption, les inégalités et la destruction de l’environnement.
Par Olivier Doubre