Ukraine : Le mouvement se généralise et se radicalise

La mobilisation contre le pouvoir a gagné plusieurs grandes villes de l’est du pays. Le pouvoir, sur la défensive, sacrifie le Premier ministre.

Denis Sieffert  • 30 janvier 2014 abonné·es

Depuis une semaine, la crise ukrainienne, d’abord cantonnée à Kiev, a gagné la plupart des régions. Les sièges des administrations régionales sont occupés, et le fonctionnement de 14 des 25 régions est bloqué, principalement à l’ouest du pays. Les sièges des gouverneurs sont également occupés dans une dizaine de villes. Et, fait marquant, plusieurs grandes villes de l’est du pays et de sa partie russophone ont été gagnées par la contestation, notamment Dnipropetrovsk, Tcherkassy et Soumy. C’est sans doute cette extension du mouvement qui a conduit, mardi, le Premier ministre, Mykola Azarov, à démissionner pour « créer les conditions supplémentairesd’un compromis politiques ».

À Kiev, la tension était légèrement retombée lundi, et le gouvernement a assuré qu’il n’avait pas l’intention pour l’instant de décréter l’état d’urgence, qui pourrait signifier une intensification de la répression. Les manifestants ont évacué le ministère de la Justice, qu’ils occupaient depuis dimanche. Mais ils continuaient d’en interdire l’accès. Et de nouvelles barricades ont été dressées dans le centre de la capitale, étendant le périmètre de la contestation. Dans un communiqué, les principaux partis d’opposition ont fait savoir qu’ils étaient « prêts à poursuivre les négociations ». Non sans préciser que « la patience des gens mis en colère par la surdité du pouvoir peut atteindre ses limites à tout moment ».

Deux événements étaient attendus pour mardi. À Kiev, l’ouverture de la session parlementaire, évidemment consacrée à la crise. Et, à Bruxelles, le sommet entre la Russie et l’Union européenne. Un haut responsable européen a eu le mot pour rire : « Mon sentiment est que nous ne pouvons pas avoir un sommet Union européenne-Russie traditionnel. » Cette litote a précédé une autre déclaration d’un responsable européen, qui a promis qu’il n’était pas question, côté européen, d’avoir recours à des sanctions contre le pouvoir ukrainien. « C’est un outil dont nous disposons, mais qui doit être utilisé avec modération », a-t-il précisé. MM. Ianoukovitch et Poutine sont rassurés.

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