Avi Mograbi : « Ces réfugiés pourraient être juifs »
Avi Mograbi signe Entre les frontières, un documentaire réalisé avec des Érythréens demandeurs d’asile en Israël, qui racontent eux-mêmes leur histoire à travers des scènes de théâtre.
dans l’hebdo N° 1436 Acheter ce numéro
Nous avions quitté Avi Mograbi avec Dans un jardin je suis entré (2012), qui faisait le pont, à travers une amitié avec son professeur d’arabe, Ali Al-Azhari, entre l’histoire israélienne et celle des Palestiniens. On retrouve aujourd’hui le cinéaste s’intéressant au sort des demandeurs d’asile africains en Israël dans Entre les frontières.
Toujours, les films d’Avi Mograbi, passionnants parce que posant des questions de cinéma, comme ici celle de l’identification, ont une puissante charge politique. Le rencontrer, c’était aussi l’occasion de l’interroger sur la campagne Boycott, désinvestissements, sanctions (BDS) et de mettre en exergue le caractère absurde du boycott culturel.
Que pensez-vous de la campagne BDS, celle-ci incluant le boycott culturel, donc les artistes et les intellectuels israéliens ?
Avi Mograbi : Le boycott est une bonne manière d’exprimer son mécontentement par une attitude non-violente. Mais le problème commence quand il vise un groupe de façon abstraite, sans différenciation des positions des uns et des autres, vis-à-vis de la colonisation, par exemple. Je suis né en Israël, que puis-je y faire ? Si on me boycotte quelles que soient mon histoire et mes opinions, c’est un non-sens. Donc je peux dire que j’y suis favorable à partir du moment où des nuances sont faites.
Ceux qui prônent le boycott culturel disent que les cinéastes israéliens, y compris les plus critiques, sont utilisés par le pouvoir pour vanter la démocratie israélienne…
Ce qu’ils disent est vrai : nous sommes en permanence -instrumentalisés par le pouvoir. Que faire ? Dois-je arrêter de tourner des films ? Dois-je me taire ? Ma seule force est d’être sincère, et j’espère que cette sincérité transparaît dans mes films. Mais je ne vais pas arrêter d’être qui je suis au prétexte que le gouvernement m’instrumentalise. Par ailleurs, il faut avoir conscience du fait que mon pouvoir de cinéaste est dérisoire ; ma
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