Europe : l’Arlésienne sociale

Thierry Brun  • 25 juillet 2008
Partager :

En complément à l’article paru dans le numéro du 17 juillet (1011), intitulé : « Europe : repartir sur de bonnes bases », nous avons retrouvé dans les archives de Politis un dossier sur l’Europe sociale paru dans le numéro du 30 juin 1989. Les articles de ce dossier n’ont pas pris une ride.

Petit rappel. Le 8 juillet, le collectif pour une autre Europe, qui réunit partis de gauche, associations et syndicats, a présenté quatre priorités pour construire une Union européenne démocratique, écologique, sociale et solidaire. Dans un document, le collectif revendique la « vocation sociale de l’Union européenne » et propose l’adoption de mesures concrètes sur l’emploi, les conditions de vie, les salaires, les services publics, l’égalité des droits. Rendu public avant le sommet des ministres de l’Emploi et des Affaires sociales des 27, qui s’est réuni à Chantilly pour un conseil informel les 10 et 11 juillet, le collectif a aussi mis en place un cadre de débat et de mobilisations et annoncé un rassemblement européen à Paris le 6 décembre.

Après le « non » irlandais au Traité de Lisbonne, le collectif pour une autre Europe apporte un contrepoint aux propos, quelque peu éloignés de la réalité, du ministre du Travail, Xavier Bertrand. Celui-ci a souligné l’existence de « réelles convergences en matière d’Europe sociale », notamment sur la question des Comités d’entreprise européens, lors d’un point de presse à l’issue d’un sommet informel européen, a indiqué l’Agence France Presse. En fait, son homologue tchèque, Petr Necas, dont le pays succèdera à la France pour la présidence tournante de l’Union européenne, a remis dans son contexte les déclarations de Xavier Bertrand, déclarant que cette directive révisée n’était « pas une priorité numéro un ».

A la lecture du programme de la présidence française de l’Union, on sait que la France n’a pas fait de l’Europe sociale l’une des priorités de sa présidence. La France s’est désengagée du social et certains diront qu’il s’agit là d’une rupture par rapport à la position traditionnelle du pays dans les négociations européennes. Et ajouteront que gouvernements de gauche comme de droite y avaient toujours défendu l’Europe sociale.

Rien de plus faux dans cette thèse avancée par le think tank de la mouvance réformiste du PS « Terra nova ». La lecture des articles du dossier de Politis paru le 30 juin 1989 en apporte la preuve. « On cause, on cause… et puis rien ne vient. Le droit du travail et la protection sociale restent à la traîne du projet européen, peut-on lire en introduction.

La difficulté d’une harmonisation des législations ou les différences réelles de culture sociale qui existent d’un pays l’autre suffisent-elles à expliquer cette lenteur ? », interroge encore le dossier alors que François Mitterrand entamait son deuxième mandat de président de la République. A lire donc, ou à relire.

Dossier complet – numéro du 30 juin au 6 juillet 1989

Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don