L’attachée intempestive

Comment les attachées de presse trop zélées desservent leurs clients …

Bernard Langlois  • 9 mars 2010
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Et d’abord, pourquoi attachées au féminin ?

Il y a peut-être bien quelques attachés de presse mâles, mais comme disait Audiard, ce n’est pas la majorité de l’espèce. Le fait est qu’on a, nous autres journalistes, presque toujours affaire à des femmes.

Et assez souvent à des emmerdeuses.

Je classe dans cette catégorie celles qui n’arrêtent pas de vous relancer et encombrent votre boîte électronique de messages de rappel qui ont le don d’énerver celui qui les reçoit. Genre : « J’espère que vous avez bien reçu le livre de M. Duchmol, comptez-vous en parler ? »

Les 3/4 du temps, le livre de M. Duchmol est dans la pile (une des …) ; sans l’intervention intempestive de la professionnelle de la relance, il en serait peut-être sorti. Après trois messages (ou même deux, quand je suis mal luné), il a toutes les chances d’y rester.

Le mal a atteint le domaine politique. Je ne compte plus les émiles qui viennent m’informer des faits et gestes les plus anodins des candidats à l’élection qui vient. Il y en a de gauche comme de droite, et vous pensez comme ça me passionne de savoir que Mme Trucmolle va tracter à 16 H. à la gare de Moussu-Le-Vilain ou que M. Tartempion viendra jeudi, à 9 H précises, à la rencontre des employés de la chaudronnerie Machin de Troufignole-sur Burette !

La plus consciencieuse des attachées à qui j’ai affaire est une certaine Béatrice Peyrelongue, d’une certaine markoagency.com, qui m’informe au jour le jour et parfois plusieurs fois par jour des moindres rendez-vous et réunions publiques d’un certain Hervé Novelli, candidat à la présidence de la région Centre (et accessoirement sous-ministre de je ne sais quoi).

Je le dis publiquement à Mme Béatrice Peyrelongue : je n’ai rien à cirer de votre M. Novelli, la Creuse n’est pas dans la région Centre (et le serait-elle que les chances que je vote pour lui seraient à peu près nulles).

J’ajoute que dans une hypothèse autre et hautement improbable (la Creuse dans le Centre, et l’électeur que je suis attiré par l’UMP en général et M. Novelli en particulier : voyez comme c’est peu crédible !) que votre aimable insistance à encombrer ma boîte à émiles pour me raconter sous toutes ses coutures la vie de votre client suffirait à me faire changer d’avis.

Ah, je sais, c’est un bien dur métier que celui d’attachée de presse.

Surtout quand on a affaire à des journalistes aussi mal embouchés que votre serviteur !

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