Courrier des lecteurs Politis 1002

Politis  • 15 mai 2008 abonné·es

David et Goliath

Écosociété est une des plus petites et courageuses maisons d’édition du Québec. Son chiffre d’affaires tourne autour de 200 000 dollars.
Barrick Gold est la première compagnie minière d’or (canadienne) au monde. Ses revenus totaux s’élevaient à environ 6,5 milliards de dollars en 2007.
Peut-être que dans le silence assourdissant de l’information-spectacle vous avez aperçu quelques entrefilets consacrés à ce livre intitulé Noir Canada , qui fait la lumière sur les agissements parfois criminels de grandes compagnies minières dans le monde (surtout dans le Sud). […]
La Barrick Gold a décidé d’en poursuivre les auteurs et Écosociété, réclamant 6 millions de dollars, qui, au vu de son chiffre d’affaires, ne sont que « peanuts » . Sachant qu’Écosociété et les auteurs ne pourront jamais débourser ces « peanuts » , Barrick Gold espère faire, si l’on peut dire, d’une pierre deux coups : museler les critiques à son endroit tout en acculant à la faillite les rares et courageux défenseurs de la liberté d’expression et de l’environnement, dans une société où le culte de la réussite personnelle, pour les uns, et la léthargie ou la peur, pour les autres, semblent être devenus la norme.
Ainsi, tout pourra rentrer dans l’Ordre du culte du veau d’or.

Éric Bourquin, Québec (Canada)

D’une fête l’autre

Après avoir fêté le 1000e Politis chez les Métallos parisiens, j’ai continué chez les Ch’tis d’Arras, à la fête de l’association Colères du temps présent, qui y tient tous les 1er mai son salon du livre libertaire.
Il y avait cette année, hélas, plutôt de la pluie et du vent. Dur pour les stands, dont celui de Politis . Le public a malgré tout gardé sa bonne humeur participative dans des locaux mieux protégés : théâtre et annexes, grandes tentes des éditeurs, etc., où l’on pouvait retrouver le dessinateur Battelier, entre autres.

Mais le fait marquant, pour moi, fut le débat présenté par l’AFSP sur la Palestine, animé par François Legeait, photographe rentré de Palestaine en 2007 et qui a tiré de son voyage un bouquin formidable : Palestine-141 (Éd. de Juillet, 20 euros). Ce chiffre – 141 – indique le nombre d’enfants tués en 2006 par l’armée d’Israël, hélas largement dépassé aujourd’hui. Et le reportage est centré sur ces enfants en vie précaire. Il est poignant, comme le fut le témoignage oral de l’auteur. J’ajoute pour mémoire que ce jeune talent engagé avait déjà publié, en 2006, chez le même éditeur, un autre grand reportage-photo : Destins clandestins, les réfugiés après Sangatte , un document déjà très émouvant et utile…

Rémi Begouen, Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)

Deux réflexions

La lutte contre la « croissance » risque d’être mal comprise par les gens mal informés parmi lesquels je vis (en HLM). Ils vont dire qu’il faut « se serrer encore plus la ceinture » . Peut-être vaudrait-il mieux dénoncer en d’autres termes la course au profit et le gaspillage qu’elle entraîne, celui effréné des riches et aussi celui de l’État, ne serait-ce que pour l’armement, mais également celui des petits consommateurs, je dirais même des pauvres, qui, influencés par la publicité et l’exemple des mieux nantis, se privent du nécessaire pour acheter des « saletés », non seulement inutiles mais souvent nuisibles à la santé et à l’environnement. J’ai un voisin qui vit dans des conditions précaires et doit payer les mensualités d’un 4X4 qu’il ne peut même pas utiliser. Toutes ces marchandises ne sont pas seulement achetées par les riches, mais par des snobs de toutes conditions.

D’autre part, trop souvent, pour recommander la lecture d’un livre, le soutien d’une ONG ou toute autre chose intéressante, on ne donne que l’adresse sur Internet. Or il y a environ la moitié de la population (dont je suis) qui n’est pas branchée. Sans parler de ceux pour qui ce n’est qu’un jouet pour les enfants. Réalisez-vous qu’on marginalise ainsi un peu plus la population pauvre ? Donner une adresse postale, est-il si difficile ?

Il faudrait penser à toucher les millions de gens qui vivent au ras des pâquerettes, et qui ont voté Sarko après avoir voté Le Pen.
À part ça, je partage vos orientations.

Lucien Lescou, Saint-Prix (Val-d’Oise)

Courrier des lecteurs
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