Courrier des lecteurs Politis 1009

Politis  • 3 juillet 2008 abonné·es

J’adore Monaco…

Un de nos grands chefs de cuisine vient d’être naturalisé monégasque par… amour de la Principauté. C’est magnifique, émouvant jusqu’aux larmes. Mais qui ne le partage pas, cet amour ? Je viens de m’apercevoir que j’adore Monaco. C’est incroyable la passion que je nourris pour ce micro-État. Je sais même où il se trouve – tout le monde (y compris parmi ses citoyens) ne peut pas en dire autant. Alors, pourquoi les 62 millions de Français ne demanderaient-ils pas à être naturalisés monégasques (au nom du principe d’égalité, à défaut d’autre motif ou motivation) ? Ce serait une façon de réduire le poids des « prélèvements obligatoires » en France, et hop, le pouvoir d’achat bondirait en flèche, la consommation aussi, fatalement, et la croissance atteindrait des chiffres à la chinoise (sans que M. Sarkorzy ait besoin d’abîmer ses dents – ou son dentier – pour « aller la chercher » ). Alors : tous ensemble, tous ensemble (air connu). Car « ensemble, tout devient possible » (il me semble avoir entendu ça quelque part). C’est pourtant simple, non, la « gouvernance », comme aurait dit le grand Jean-Pierre, dont l’intelligence, la rhétorique et les raffarinades nous manquent tant, en ces temps difficiles.

Philippe Bouquet, Le Mans (Sarthe)

Michel Onfray

Je me suis réabonnée à Politis avec plaisir et confiance. J’apprécie un discours qui se veut franchement, clairement, d’opposition. C’est pourquoi je réagis à propos de l’encart concernant le réseau Onfray, dans le dossier sur les universités populaires paru dans le n° 1006 de Politis. La rupture de Michel Onfray avec l’Éducation nationale demande – nécessite – examen. Ne soyons pas, ne soyez pas dupes du mot « rupture ». Chez lui, la gratuité s’apparente surtout à la démagogie. Non seulement son discours n’est pas fiable – ses positions philosophiques sont souvent pleines d’interprétations passionnelles qui ne tiennent pas, tronquent les textes […] – mais je ne peux non plus oublier des articles anciens, pleins, non pas de salubre révolte, mais de violence et de haine (cf. le Magazine littéraire , il y a longtemps). Ce qui, à l’évidence, est contraire à l’esprit philosophique. J’aimerais trouver une mise au point, car, malheureusement, sa démagogie « paie », c’est le cas de le dire, et je sais que beaucoup sont dupes… Cela me révolte.

Geneviève Guilhem, Vélines (Dordogne)

Réflexions amères

Récemment, en attendant l’heure du départ pour Ifni, j’ai un peu visité la ville de Marrakech. Gueliz, quartier chic. Nos voisins du Nord y habitent, je parle du nord de la Méditerranée. Un appartement coûte maintenant les yeux de la tête pour un Marocain. L’euro est entré en concurrence ! On trouve là des magasins de grandes marques, des riads pour vivre sa retraite en prince nourrissant des « fantasmes orientaux ». Les commerces aussi sont désormais tenus par les voisins venus du Nord. Je ne suis pas xénophobe, non, je suis même internationaliste, et j’ai toujours cru que la terre appartenait aux humains, sans frontières. Mais là, c’est énervant, étouffant, quand je pense à toutes les humiliations que subissent mes concitoyens pour avoir un visa et quand je vois toutes les facilités qu’ont les enfants des pays qui nous refusent l’accès de chez eux ! […] Il y a de quoi rendre dingue quand on sait qu’à quelques kilomètres, des villages n’ont même pas l’électricité ! D’ailleurs, pourquoi aller jusqu’aux villages ? À Marrakech même, dans les quartiers pauvres, les gens regardent la ville, leur ville, leur devenir inaccessible, chère, dure… parce que des richards désœuvrés cherchent l’exotique tout en refusant à d’autres le droit de chercher la survie… Si des frontières existent, elles doivent exister pour tous. Sûr, j’oublie souvent que l’argent n’a pas d’odeur. Sûr, j’oublie souvent que tous les humains ne sont pas « de la même espèce », mais sûr aussi que ces quelques heures passées à les regarder se pavaner bien dans leur peau, bien chez eux, n’ont pas été une sinécure. On ne doit pas se permettre ce qu’on refuse aux autres, et j’ai peur que, bientôt, on nous demande des visas pour être chez nous.

Samira Kinan

Énergie verte

J’aimerais réagir à l’article sur la Navarre ainsi qu’à la tribune de Stéphane Lhomme, parus dans le n° 1006 de Politis. […] Dire que la Navarre couvre 65 % de ses besoins en électricité par de l’énergie verte est une donnée qui ne fait pas avancer le débat. Il faudrait mettre en regard, en temps réel ou au moins saison par saison, la production verte et la demande. Le gros problème de l’électricité, c’est qu’on ne peut pas la stocker. Et donc en produire quand il n’y a pas de besoin est inutile. Si on prend l’exemple du solaire, en produire énormément en été ne pourra pas servir à couvrir les pointes de demande du cœur de l’hiver.
Tout cela pour en revenir à la tribune de Stéphane Lhomme. Merci à Politis de ne pas avoir parlé du nucléaire dans son appel, effectivement parce que cela risque de nous diviser. Je ne suis pas un pronucléaire, ni membre du lobby, mais je ne vois actuellement aucune autre issue, et aucun chiffre ne m’a actuellement convaincu. Je suis absolument persuadé qu’il faut augmenter significativement la part d’énergie verte, mais on aura toujours besoin de production capable de démarrer rapidement en cas de besoin. Avec quelle énergie fait-on cela ? Quant à l’Allemagne et à la Suisse, qui ont moins recours au nucléaire, la première a augmenté très sensiblement la production d’électricité par le gaz, et donc augmenté ses productions de CO2, et la deuxième utilise le nucléaire français pour remonter l’eau dans ses barrages et ainsi produire de l’énergie hydraulique « verte ». […]

Benoît Le Bruni

Courrier des lecteurs
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