Carpes et lapins

Les nouvelles alliances électorales de la mouvance écologiste précipitent les clivages sur l’avenir des Verts.

Patrick Piro  • 23 octobre 2008 abonné·es

Le rassemblement de l’écologie politique pour les élections européennes de juin 2009, officiellement lancé lundi dernier sous le nom d’« Europe écologie », confirme son statut d’ovni politique. « Pour répondre concrètement à l’urgence absolue née des crises actuelles, il faut accepter de mettre ensemble des carpes et des lapins » , résume Yannick Jadot, ex-cadre de Greenpeace. « On se demandait comment ça peut tenir entre Cohn-Bendit et moi, rappelle José Bové. Maintenant, on s’interroge sur la cohabitation entre un repris de justice et une magistrate ! » C’est que l’ex-juge Eva Joly, spécialiste de la délinquance financière (un temps approchée par le MoDem), a rejoint le rassemblement, où apparaissent Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, Jean-Paul Besset, proche de Nicolas Hulot, ou François Alfonsi, de la fédération Régions et peuples solidaires. Mais l’ultime nouveauté, c’est l’arrivée d’Antoine Waechter ! À la tête du petit Mouvement écologiste indépendant (MEI) replié en Alsace, l’ex-dirigeant des Verts, qui renvoyait droite et gauche dos à dos, avait quitté le parti en 1994 quand ce dernier avait opté pour un ancrage à gauche. « Et la liste n’est pas close, attendons la décision du pôle écologiste socialiste après le congrès du PS ! » , lance Daniel Cohn-Bendit.

Officiellement, l’ambiance est au beau fixe pour l’instant. « Tout le monde est prêt à remiser ses ambitions pour assurer le succès » , assure Cécile Duflot, qui annonce la composition des listes pour début février. « Ça, c’est pour la désignation du quota de candidats Verts, lui rétorque Cohn-Bendit, car les équilibres seront figés dès novembre. » Bel acte manqué à son tour : il escamote juste le congrès des Verts le 6 décembre…
Celui-ci ne devrait pourtant pas être de tout repos. Car la réapparition de Waechter, très discutée et validée à une voix près par le collège exécutif (CE) du parti, semble précipiter les clivages sur l’avenir du parti, déjà projeté au-delà des européennes : Europe écologie prépare-t-elle l’abandon de l’ancrage à gauche ? « Nous sommes en train de vivre un tête-à-queue historique », redoute la Verte Francine Bavay. Pour faire bonne figure, le CE a exigé « à l’unanimité » que les personnalités d’Europe écologie soient opposées à la politique de Sarkozy. Pas sûr que cette « ligne jaune » molle rassure les troupes…

Politique
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…