Bonus à tout faire

Les Bonus de Guillaume :
une parodie hilarante
des milieux
du cinéma interprétée
par Guillaume Gallienne.

Jean-Claude Renard  • 26 mars 2009 abonné·es

Seul face à la caméra. Guillaume Gallienne enquille les rôles, puisés dans les arcanes du cinéma, au creux d’un décor approprié au sujet, sobre. Tantôt agent, cinéaste, comédien, tantôt scripte, assistant, machino. Le répertoire est large, la palette se veut colorée. Making of, tournages, entretiens, campagne promotionnelle, tout y passe. Un lord anglais végétarien fabriqué maison à la BBC, en transe shakespearienne, très vite atrabilaire devant une dinde, Johnny Depp en folle dans Pirate des Caraïbes, Al Pacino, alias Tony Montana, déjanté à la cocaïne dans Scarface , Catherine Deneuve en peine de pâtisserie dans Peau d’âne.

Voilà encore Gallienne décliné en cinq pétasses de Desperate Housewifes pour une séance photo, en Ben Kingsley incarnant un Gandhi chipotant sur les accessoires, en Georges Clooney empêtré dans les tringles de son texte piètrement réduit à « what else ? ». S’y ajoutent des interviews désopilantes, des acteurs vaniteux, arrogants, un figurant dans un porno décapant, une Thérèse d’Alain Cavalier gouvernée par l’érotisme, un vieil acteur désabusé, entre Weber et Lucchini : « J’ai connu un cinéma qui aimait les gens, le verbe. Aujourd’hui, on passe des plombes à faire du maquillage, de la reconstitution ; on ne raconte plus d’histoire, l’imaginaire ne travaille plus ; sous prétexte que la télévision transforme la réalité en fiction, le cinéma se sent obligé de faire du documentaire, ce ne sont plus des films, ce sont des faits divers ! »

Des textes ciselés au cordeau, des portraits sculptés au scalpel, portés par un comédien caméléon (sociétaire de la Comédie française), avec postiches, perruques et costumes comme seuls partenaires de ses interprétations loufoques. À l’écriture, rappelant les « Monthy Python’s Flying Circus », Guillaume Gallienne lui-même, épaulé par Frédérique Moreau, « sur une idée originale de Régis Arnaud ».

Glissée certains soirs dans la deuxième partie du « Grand Journal » de Canal +, c’est là une galerie de courtes fictions, à voir comme autant de bonus ponctuant un DVD. Dans l’envers du décor, les travées des coulisses, ces « Bonus » livrent un exercice de faux et usages de faux. Autant de parodies, d’impostures, de petits classiques revisités, culbutés, avec une constante : le plaisir de jouer, la jubilation de la scène, sans se priver de déboulonner les mythes.

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