Défense de licencier

Le NPA, LO et le POI n’entendent pas se contenter de l’interdiction des seuls licenciements boursiers.

Michel Soudais  • 16 avril 2009 abonné·es

Peut mieux faire, estime le Nouveau Parti anticapitaliste à propos de la proposition de loi de Marie-George Buffet d’interdire les « licenciements dans les entreprises versant des dividendes à leurs actionnaires » . Pour le parti d’Olivier Besancenot, il s’agit d’« un premier pas positif qui peut appuyer la mobilisation contre les licenciements » , mais « c’est l’interdiction de tous les licenciements qui doit être mise en avant » . Pas question, donc, de s’en tenir aux seuls licenciements boursiers.

En effet, explique le NPA, l’externalisation des productions (sous-traitance, filialisation…) est telle que « 60 % des PME dépendent des grandes entreprises cotées au CAC 40 » , et il faudrait pouvoir « ouvrir les livres de comptes et remonter jusqu’aux donneurs d’ordres ». Le NPA s’en tient donc à un principe, simple : « C’est le patronat dans son ensemble qui doit supporter les coûts de la crise et en aucun cas les salariés ! »

Ainsi justifié, ce mot d’ordre a aussi une raison fonctionnelle. L’interdiction des licenciements « peut permettre d’unifier toutes les luttes en cours » sur le terrain de l’emploi, où les « travailleurs désemparés » sont souvent « contraints de se battre pour minimiser le nombre de pertes d’emplois ou pour obtenir des “indemnités” de licenciement » , lit-on en ­première page de Tout est à nous !, l’hebdomadaire du NPA. Et remettre en cause « le pouvoir dont les patrons disposent en tant que propriétaires des moyens de production ».

Ce faisant, le NPA ne fait que reprendre une vieille revendication de Lutte ouvrière. Depuis la présidentielle de 1995, l’organisation d’Arlette Laguiller proclame la nécessité d’imposer l’interdiction pure et simple des licenciements, sous peine de réquisition des entreprises qui font du profit et licencient quand même. « Sorti de là, de toute façon, il n’y a pas de solution favorable pour les travailleurs » , assure LO dans un article de sa revue Lutte de classe de mai 2001.
L’interdiction des licenciements, c’est aussi le mot d’ordre du Parti ouvrier indépendant, qui en a fait l’axe de campagne de sa première année d’existence. La formation lambertiste multiplie les réunions sur ce thème en vue d’organiser prochainement « une marche unie sur Paris » à cette fin. Elle a aussi demandé aux partis de gauche de s’y associer. Sans succès jusque-là. Le refus du NPA a d’ailleurs fait dire, dans un éclat de rire, à Gérard Schivardi qu’il était « bien plus révolutionnaire qu’Olivier Besancenot, et plus préoccupé que lui des citoyens qui sont dans la misère ».
On est toujours le réformiste de quelqu’un.

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