Ambiance frileuse à Cancon

Timide mobilisation pour le « Cancún du Lot-et-Garonne », handicapé par les frimas et la faible implication des politiques.

Jean Sébastien Mora  • 9 décembre 2010 abonné·es

Un millier de militants ont réclamé « une transition écologique et sociale » samedi 4 décembre à Cancon, dans le Lot-et-Garonne. Attac, les Amis de la Terre, la Confédération ­paysanne et le mouvement altermondialiste basque Bizi avaient répondu à la proposition du réseau paysan mondial Via Campesina d’organiser « 1 000 Cancún » à travers le monde. Un an après les fortes mobilisations autour du sommet climat de Copenhague, il s’agissait de montrer que la motivation subsiste. « L’événement a fait naître une nouvelle génération de militants, moins centrés sur la défense de leurs intérêts mais plus empreints des valeurs de l’internationalisme » , analyse Martine Lalande, présidente des Amis de la Terre.

On attendait plusieurs milliers de visiteurs mais la participation a été moindre, principalement à cause des conditions hivernales. Le fait que Cancún soit déjà annoncé comme un échec a aussi affaibli l’enjeu de ce contre-sommet français. Il tient cependant à afficher comme une victoire cette réplique altermondialiste, à des milliers de kilomètres du Mexique, des mobilisations militantes de Cancún. « Un espace comme Cancon doit exister, quelle que soit sa fréquentation. C’est un travail de fond qui construit le mouvement social de demain » , explique Jean-Marie Harribey, membre du conseil scientifique d’Attac. Un des points clés : passer des revendications globales à la valorisation de solutions concrètes sur le terrain. À Cancon, les organisateurs ont ainsi cherché à privilégier l’enracinement local d’alternatives. Parmi les tables rondes les plus suivies, l’agriculture, point de convergence d’un ensemble de solutions défendues : le bio, les circuits courts, la construction écologique ou les monnaies locales. Autre temps fort : un duplex avec Cancún, où Josie Riffaud, de la Confédération paysanne, et Geneviève Azam, du conseil scientifique d’Attac, ont évoqué leurs inquiétudes, tels le risque de mort du processus de Kyoto et l’incapacité de la communauté internationale à trouver de nouveaux accords pour lutter contre la dérive du climat.

José Bové, eurodéputé, Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts, Martine Billard, coprésidente du Parti de gauche : quelques personnalités politiques avaient tenu à marquer le coup par leur présence. « Personne n’est optimiste parce que la prise de conscience des dirigeants de la planète est insuffisante », regrette Cécile Duflot. Celle-ci est pourtant indispensable dans la construction d’un projet de transition écologique ambitieux. « Contrairement aux retraites, la bataille climatique ne se rejouera pas dans les années à venir » , souligne Jean-Noël Etcheverry, animateur de Bizi. Annoncée, Myriam Martin, tête de liste du NPA toulousain, a finalement annulé sa venue. Quelques élus communistes locaux se sont montrés. Enfin, le Parti socialiste était représenté par Philippe Martin, président du conseil général du Gers, également premier secrétaire en charge des questions écologiques. Peu convaincant, regrettait Bernard Péré, fondateur historique de la Confédération paysanne : « Le PS n’est pas à la hauteur de l’enjeu. On reste dans des postures de façade, visant à cacher un projet construit autour de la croissance verte. »

Écologie
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