Pauvres retraités allemands

La réforme des retraites adoptée en Allemagne en 2007 risque d’appauvrir encore un peu les plus de 60 ans, dont les pensions sont déjà nettement inférieures à celles des Français.

Rachel Knaebel  • 10 mars 2011 abonné·es

Même repoussée à 62 ans, la retraite française peut faire envie aux Allemands. Ils devront maintenant travailler jusqu’à 67 ans. La réforme des retraites adoptée en 2007, sous un gouvernement CDU-SPD, doit entrer en vigueur en 2012. L’augmentation de l’âge légal s’échelonnera jusqu’en 2029.

En attendant, gouvernement et opposition se battent sur les chiffres. Car le texte de loi prévoit une condition : la réforme pourra entrer en vigueur seulement si la part des plus de 60 ans qui travaillent augmente. Mais sur quelles données se fonder ? Le rapport fourni par le gouvernement en novembre affiche un taux d’activité des 60-64 ans de 40 %. Il descend à 23 % pour les « véritables » emplois, soumis à l’ensemble des cotisations sociales. Ce qui exclut, par exemple, les « minijobs » à 400 euros ou des postes de quelques heures par semaine seulement.

Contrairement à leurs voisins français du même âge, la majorité des 55-64 ans allemands travaillent (56 %) et ne sont pas quasi systématiquement poussés vers la sortie par leurs employeurs (ce taux d’emploi en France n’est que de 38 %). Mais l’âge moyen de départ en retraite était toujours de 63,2 ans en 2008. Et celui de sortie du monde du travail de 62,2 ans (60 ans en France). Dans ces conditions, le recul de l’âge légal de départ va encore appauvrir les retraités, selon les syndicats et l’opposition. Le niveau moyen des pensions s’élève aujourd’hui à 1 029 euros pour les hommes et 594 euros pour les femmes. Soit bien inférieur à la moyenne des pensions françaises (cf. graphique page 19). 46 % des nouveaux retraités partent déjà avec une pension minorée.

À l’avenir, prendre sa retraite à 65 ans au lieu de 67 entraînera une décote de 7,2 %. La situation démographique allemande n’a certes rien à voir avec la dynamique des naissances en France. Le taux de natalité y a chuté à 1,36 enfant par femmes contre 2,01 en France. La population baisse. De 81,7 millions d’habitants en 2010, elle pourrait descendre jusqu’à 65 millions en 2060. La population française devrait inversement passer de 65 à 73 millions d’habitants dans le même laps de temps.

Publié dans le dossier
La vérité sur le modèle allemand
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