À Paris, le PCF lance sa campagne pour… le PS

Le PCF organisait hier son premier meeting de campagne pour les municipales à Paris. Et justifiait le rassemblement dès le premier tour derrière Anne Hidalgo.

Pauline Graulle  • 22 novembre 2013
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À Paris, le PCF lance sa campagne pour… le PS
© Photos : Nicolas Portnoï

Politique locale ne vaut pas politique nationale. Voilà, en substance, le message qu’a voulu faire passer le Parti communiste pour son premier meeting de campagne, organisé hier dans une petite salle de concert au bord du canal Saint-Martin (Xe). Un meeting destiné à présenter brièvement les douze candidats PCF (dans sept arrondissements), mais surtout, à rassurer sur la stratégie d’alliance avec le PS.
À la tribune, devant quelque trois cents militants de tous âges, Igor Zamichiei, secrétaire fédéral, a ouvert le bal : « Vous pouvez compter sur les communistes pour être pleinement à côté d’Anne Hidalgo ! » Laquelle… n’est pas venue. Seul représentant socialiste : le maire du Xe arrondissement, Rémi Féraud – c’est bien le moins.

Hier, l’heure n’était pas aux polémiques avec la majorité municipale. Certes, les socialistes ont été copieusement sifflés quand une syndicaliste CGT-Finances a pris la parole pour dénoncer la politique d’austérité mise en œuvre par le gouvernement Ayrault. Toutefois, ils ont été applaudis quand ont été soulignées les avancées – remunicipalisation de l’eau, ouverture de places en crèches… – accomplies par la majorité au Conseil de Paris. « Paris n’est pas la France, et la mairie de Paris n’est pas le gouvernement. […] Le budget voté par l’ensemble des élus, même du Parti de gauche, n’est pas austéritaire ! » , a fait remarquer Marinette Bache, chef de file de République et Socialisme, seule autre fraction du Front de gauche présente hier soir… Mais qui suffisait, semble-t-il, à justifier les banderoles marquées du logo « Front de gauche » et du slogan de la présidentielle, « L’humain d’abord », recouvrant les murs du Point éphémère.
Le Parti de gauche – qui, en présentant des listes autonomes au premier tour, a déclenché une guerre ouverte avec le PCF à Paris – en a pris pour son grade. Derrière le podium, les allusions à peine voilées ont fusé, concernant les « injures » dont Pierre Laurent, patron du PCF, aurait fait l’objet. Ou le « harcèlement sur Internet » que subiraient les militants communistes. « Nous sommes plus utiles à l’intérieur qu’à scander des incantations » , a martelé Didier Le Reste, candidat dans le Xe.

Lauriers

Il ne faut cependant pas se tromper d’adversaire , a rappelé, comme s’il en était besoin, Ian Brossat. En costume-cravate, le chef de file des communistes à Paris a ironisé avec gourmandise sur les dernières sorties de Nathalie Kosciusko-Morizet. Et s’est attardé sur le sombre dessein de la droite parisienne, qui rêve de vider la capitale des classes populaires. Puis il a énuméré les points d’accord avec la candidate PS : les 30 % de logements sociaux, la gratuité des premiers mètres cubes d’eau, l’arrêt du gel du recrutement des fonctionnaires… Estimant au passage que le nombre d’élus communistes au conseil municipal constituait la meilleure garantie que ces mesures seraient mise en œuvre. Manière de répondre au Parti de gauche, qui reproche au PCF d’avoir « monnayé » des places…

Illustration - À Paris, le PCF lance sa campagne pour... le PS

Après les lauriers tressés aux socialistes municipaux par Ian Brossat, Laurent est passé à l’offensive contre les socialistes nationaux. Le chef du PCF s’en est pris avec verve à la politique du gouvernement. Taclant la « remise à plat » fiscale promise par Ayrault, « aveu de l’échec profond de la politique menée depuis deux ans » , ou la réforme des retraites, dont l’article 4 a été rejeté à l’Assemblée nationale… « Cette politique n’a jamais eu de majorité, car personne, en mai 2012, n’a voté pour ce programme ! […] Il n’est pas question une seconde de voir la politique de la gauche parisienne rejoindre les rails de l’austérité nationale. » Et de donner rendez-vous le 1er décembre à la grande marche pour une révolution fiscale. Où l’on cherchera là encore, en vain, Anne Hidalgo…

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