Solution politique

Par la brutalité de son intervention, Poutine retire de la négociation un territoire qui devait lui revenir « de droit ».

Denis Sieffert  • 13 mars 2014 abonné·es

Il faut évidemment souhaiter pour l’Ukraine, et pour tout le monde, une solution politique. Hélas, à l’heure où nous écrivons, on n’y est pas. Le coup de force de Poutine en Crimée, l’invasion de cette riche presqu’île, et l’organisation en hâte d’un référendum « soviétique », ne laissent guère de place à la négociation. C’est d’autant plus regrettable que la Crimée, peuplée en majorité de Russes et lieu stratégique de l’importante base navale de Sébastopol, est une revendication légitime de la Russie. Par la brutalité de son intervention, Poutine retire de la négociation un territoire qui devait lui revenir « de droit ». Ce qui peut laisser supposer qu’il a d’autres convoitises. Au point qu’il semble faire la sourde oreille à la proposition d’un « groupe de contact » appuyé principalement par Angela Merkel qui est, parmi les Européens, la plus intéressée à une issue positive. Mais, de l’autre « côté », l’heure n’est pas non plus à la détente. La visite à Washington du nouveau Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, la bruyante autocongratulation de la Pologne, de la République tchèque et de la Hongrie qui se sont félicitées, mardi, d’être membres de l’Otan, et tant d’autres signes aggravent la tension. Comme la mobilisation, d’ailleurs assez vaine, de l’armée ukrainienne. Les termes de la négociation sont pourtant connus : un renforcement de l’autonomie de la Crimée donnant toutes les assurances à la Russie, contre la reconnaissance de l’intégrité du reste de l’Ukraine et de la légitimité du gouvernement qui sera issu de l’élection présidentielle du 25 mai. Le temps viendrait ensuite d’une négociation assurant l’Ukraine d’une réelle indépendance, qui lui garantisse de ne pas tomber dans la broyeuse du FMI après avoir échappé à la lourde tutelle de Moscou.

Monde
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