Bernadette Groison (FSU) : « Nous doutons fortement de l’efficacité du plan Valls »

Le 15 mai, les fonctionnaires seront dans la rue contre le plan Valls. Entretien avec Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU.

Thierry Brun  et  Jonathan Baudoin  • 24 avril 2014 abonné·es

Sept syndicats de fonctionnaires (CFDT, CFTC, CGT, FA-FP, FSU, Solidaires, Unsa) ont appelé à l’action le 15 mai pour dénoncer le plan de 18 milliards d’euros d’économies que l’État doit réaliser entre 2015 et 2017. Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, explique les conséquences de ces mesures pour les 5,2 millions de fonctionnaires.

Le plan d’austérité de Manuel Valls touchera fortement l’État. Est-ce le bon moyen de s’attaquer au déficit public ?

Bernadette Groison : Nous ne pouvons pas accepter que ce gouvernement pénalise encore les fonctionnaires. Cela fait quatre ans que l’on exige des salariés qu’ils fassent des efforts, que ce soit sur les retraites, les salaires ou la Sécurité sociale. On a renfloué les banques, les entreprises, et cela ne marche pas : nous ne sommes toujours pas sortis de la crise. Nous doutons fortement de l’efficacité économique des mesures annoncées. Ce n’est pas la bonne voie. Nous disons qu’il faut mettre en œuvre une grande réforme fiscale et qu’il faut répartir mieux les richesses. Car la relance passe par l’emploi et le pouvoir d’achat. Nous avons un désaccord majeur avec le gouvernement sur les choix économiques.

Gelé depuis 2010, le salaire des fonctionnaires ne connaîtra pas d’augmentation avant 2017…

Annoncer aux fonctionnaires un blocage des salaires et le gel des pensions, cela signifie qu’ils vont continuer à perdre du pouvoir d’achat. Or, la fonction publique est dans une situation très difficile, avec des inégalités de 15 à 20 % entre les femmes et les hommes, avec 20 % d’agents qui sont au smic, avec des écarts de salaire très importants, qui décrochent par rapport aux qualifications demandées. Un million de salariés non titulaires travaillent dans la fonction publique et sont déjà dans une situation précaire. L’Insee, organisme statistique public, a montré que, pour la première fois, les agents de la fonction publique ont connu une baisse de salaire. Elle est variable selon que l’on est dans la fonction publique d’État, territoriale ou hospitalière. La perte se situe dans une fourchette de 0,5 à 0,8 point de pourcentage. Une énième baisse de salaire aggravera donc la situation des agents. Depuis 2010, cela équivaut à la perte d’un mois de salaire par an. Et depuis les années 2000, nous avons perdu deux mois de salaire !

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