Lachez nous la grappe avec la grippe ou comment se retrouver à poil dans la rue

Claude-Marie Vadrot  • 24 septembre 2009
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Après avoir regardé la télé et écouté la radio, ayant éternué dans ma manche comme le recommande madame Bachelot, j’ai jeté mon blouson dans une poubelle. Pas grave, il fait beau en ce moment. Mais, compulsivement, j’ai derechef éternué sur ma manche de chemise et, conséquence logique et soumission à la communication grippale, j’ai du jeter ma chemise dans une autre poubelle. J’ai ensuite foncé à toute vitesse chez moi parce que, essayez donc d’éternuer dans votre pantalon, juste pour voir, je courrais le risque de me retrouver à poil. Et d’être poursuivi par un argousin parisien, en mal de vélo à contrôler, pour attentat à la pudeur au cas où un nouvel éternuement me surprendrait en slip. Et, ce faisant, donc en courant secoué par un fou rire, je me demandais ce qui se passera le jour où madame Bachelot éternuera publiquement en se couvrant le visage d’une manche de l’un de ces merveilleux corsages qui ont fait sa réputation. Comme disait Brassens, « la suite sera délectable, malheureusement je ne peux pas la dire et c’est regrettable car cela nous aurait fait rire un peu ».

Donc la publicité grippale nous prend pour des cons. Mais ce n’est pas la première fois que ce gouvernement nous considère comme des imbéciles après nous avoir foutu une fièvre de cheval. Et on adore çà. Donc, mesdames et messieurs qu’on nomme grands, la panique que vous tentez de communiquer à la population dépasse les limites habituelles et supportables. Même les médecins finissent par le dire. La seule fièvre visible est de toute évidence celle qui a saisit les grands laboratoires qui regardent avec émerveillement grimper le thermomètre de leurs fabuleux profits. Eux, ils ne toussent pas, eux ils n’avancent même pas masqués ! Et ils vendent comme des petits pains la fameuse « solution hydro-alcoolique » qui ne détruit pas le moindre virus puisqu’elle n’est efficace que contre les microbes et bactéries comme c’est écrit dessus.

Donc, mesdames et messieurs que l’on nomme grands, je vous soupçonne fort de créer une panique pour faire oublier le chômage, les licenciements et quelques nouvelles lois scélérates qui vont être votées pendant l’épidémie médiatique que vous entretenez en ne nous administrant que des placebos. Ce n’est pas un complot, juste une superbe opération.

Le gouvernement vient de faire la preuve qu’il ne gouverne et n’agit que par la communication. Histoire sans doute de pouvoir nous raconter dans quelques mois qu’il a vaincu la grippe HN1 par la seule force de sa conviction. Restera plus qu’à refiler les vaccins à Emmaüs et les milliards de masques aux SDF pour se tenir chaud l’hiver. Dans quelques semaines, d’ailleurs, il est probable que le président va nous annoncer qu’il a renoncé à lutter contre le réchauffement climatique pour que les gens qui dorment dans la rue n’aient pas trop froid. Vus que les centres d’accueil à eux réservés seront fermés.

Mais, si c’est possible, il y a pire si le gouvernement décide la panique grippale générale.

Avec des classes fermées à la moindre fièvre, on va persuader l’opinion publique que, finalement, grâce à Internet, il est possible de se passer de la majeure partie des profs. Donc, on pourra en supprimer plus. En outre, les parents priés de trouver des « solutions familiales » pour garder les mômes, auront la preuve que l’on peut se passer des crèches, des maternelles et des centres aérés.

Des chaînes de radio et de télévision du service public seront réquisitionnées au seul profit de la propagande officielle, pour peu que le gouvernement décide qu’il y a épidémie grave. Eventualité qui semble peu probable mais il est facile d’en remettre une couche dans la communication panique.

L’assemblée nationale et le sénat devront suspendre ses débats et les textes de loi urgents, c’est prévu (Il suffit d’un seul vote avant que les parlementaires repartent dans leurs chambres personnelles), seront adoptés par ordonnance. Le budget et la taxe carbone, par exemple.

Dans les tribunaux, on organisera le huis clos grippal, sans journaliste et sans public, voire sans avocat, pour ne pas prendre le risque que les détenus ramènent la grippe en prison et que les juges n’attrapent pas une fièvre répressive. Ils seront invités à juger vite, pour ne pas prendre de risques. Les tribunaux siègeront tous avec un juge unique.

Dans les commissariats, la garde à vue pourra être prolongée en attendant que l’on s’assure qu’ils ne sont pas grippés. Les visites familiales seront suspendues dans les prisons.

Evidemment, toutes les manifestations politiques, toutes les réunions d’associations ou de partis seront interdites. Un décret prévoyant les sanctions financières et autres, est en préparation. Il sera publié dés que le gouvernement sera décidé à passer à la vitesse supérieure de son astucieuse préparations, servie par les circonstances, des élections régionales.

J’exagère ? Même pas, car nous ne savons pas encore tout, nous ne savons pas encore comment la « campagne contre la grippe » qui est orchestrée depuis l’Elysée sera utilisée pour restreindre, même provisoirement, ce qu’il nous reste de libertés publiques.

Question à poser à toutes les Marianne des mairies de France : dis, pourquoi tu tousses ?

Comme il y a, parait-il, pénurie de solution hydro-alcoolique, pour ne prendre aucun risque, je vais me frotter tous les matins et tous les soirs, l'intérieur de l'estomac, et sans modération, avec l'une des solutions alcoolique (sans l'hydro) que je conserve dans ma cave...
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