Et si le refus de vaccination contre la grippe n’était qu’une manifestation d’un rejet de l’Etat UMP et de la communication de la comique Bachelot ?

Roselyne Bachelot a dépassé les bornes du ridicule de la communication sarkozienne en se faisant vacciner publiquement. Comme si le peuple de France n’était composé de demeurés infantiles incapables de prendre leurs décisions eux mêmes.

Claude-Marie Vadrot  • 12 novembre 2009
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Les doctes docteurs, surtout ceux qui sont proches du manche gouvernemental, se répandent en lamentations sur les raisons qui incitent une majorité des Français et une encore plus écrasante majorité des médecins (90 %) à snober la vaccination contre le désormais célèbre virus H 1N1. Ils accusent les rumeurs, internet, un complot international, les ligues anti-vaccination « qui existent depuis Pasteur » ou encore l’ignorance, d’être responsables de la probable désertification des gymnases équipés à grands frais pour faire ce qui, comme à l’ordinaire, aurait pu se pratiquer dans le cabinet des médecins, dans les maisons médicales et les dispensaires ou dans les cabinets d’infirmières. Même en admettant que les praticiens et les auxiliaires médicaux aient facturé une consultation ou un acte (ce qui est relativement rare si j’en crois mon expérience de vacciné annuel contre la « grippe ordinaire ») cette dilution des vaccinations aurait coûté largement (six fois environ) moins cher à la collectivité que le stupide branle-bas de combat et de communication organisée par la comique Roselyne Bachelot et sa bande de Branquignols.

Mais revenons au fond : et si le refus larvé de la vaccination n’était tout simplement que la démonstration lumineuse que la majorité des gens de ce pays, qu’ils soient de gauche, de droite ou de nulle part, ne fait plus aucune confiance à l’Etat-UMP, à l’Etat Sarkozien ; comme un réflexe pavlovien né de l’expérience des deux ans et demie déjà écoulés. Une méfiance qui deviendrait à la fois chronique et pathologique, une méfiance qui se renforce à chaque fois que Roselyne en remet une couche, en s’agitant à la télé et en lançant ses hussards de la vaccination à l’assaut des journaux, des radios et de la télévision. Avec l’idée politiquement fascinante du pouvoir que si la grippe « spéciale » ne fait pas plus de victimes qu’une autre, Bachelot pourra être vénérée comme Jeanne d’Arc pour nous avoir évité la peste. Sainteté et efficacité fabriquée qui rejailliront sur le Prince qui aura magiquement fait guérir les écrouelles comme les illustres monarques du moyen âge.

Et si, donc, ce refus compulsif n’était que la traduction que les Français ont vu venir la manipulation, si la méfiance n’était en fin de compte que le symptôme, difficilement curable, d’un phénomène de rejet de l’UMP se manifestant quelques années après la greffe comme cela se produit parfois et sans que les médecins puissent fournir d’explications rationnelles.

Les Français, ou une grande majorité d’entre eux au moins, seraient-ils tout simplement en train de dire merde au pouvoir avec la certitude de ne prendre aucun risque, seraient-ils en train de tenter de ridiculiser un Etat qui les trompe, qui les énerve et qui les insupporte de plus en plus? Un virus du doute et de la méfiance qui « dormait » dans leurs inconscients et que les excès et les messages ridicules de la campagne menée depuis des mois « contre la grippe » auront réveillé. Au point d’en faire une épidémie que les reportages complaisants et laudateurs sur la sainteté et l’efficacité de la Bienheureuse Bachelot auront du mal à masquer au cours des jours qui viennent.

Et que fait-on des 94 millions de dose achetées à grand frais aux grands laboratoires qui comptent joyeusement leur sous ?

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