Cuba si ! Yankee no !

Claude-Marie Vadrot  • 18 décembre 2014
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Une fois de plus, tirant profit de la « réconciliation » entre Cuba et les Etats-Unis ou plus exactement entre la famille Castro et le président Obama, la majorité des commentateurs et des journalistes vont nous dépeindre et commenter avec complaisance les « horreurs » de la vie à Cuba. En oubliant à quel point le blocus total de l’ile a pesé sur l’économie et donc sur la politique intérieure de la petite république. Surtout après la disparition de l’Union soviétique et l’arrêt des aides qu’elle lui apportait. Je me souviens, en 1994, de l’état désastreux, exsangue, de l’Ile et de son peuple qui n’en pouvaient plus de se priver, parfois de mourir littéralement de faim. Loin de l’euphorie, du plaisir difficile mais partagé de ce que l’on appelait alors le « communisme tropical » . Encore plus loin de la sinistre dictature de Rubèn Fulgencio Batista, le militaire qui avait pris le pouvoir de force en 1952 ; pour transformer son pays en casino et en lupanar investis par la maffia américaine et des hommes d’affaires véreux. Une exploitation à laquelle mit fin la révolution armée de Fidel Castro en 1959. Et ce sont avant tout ceux qu’il a chassé qui protestent aujourd’hui à Miami contre l’accord survenu entre Raùl Castro et le président américain.

Le régime castriste, malgré les récentes améliorations, qu’elles soient économiques ou politiques, n’est certainement pas une démocratie modèle. Mais le mot dictature ne convient pas non plus. Il est rare qu’une « dictature » produise autant d’intellectuels, d’ingénieurs et de médecins de qualité. Et puis lorsque l’Occident, grâce à Wim Wenders et à son film Buena Vista Social Club, porta aux nues Compaïs Secundo et son groupe musical, nul ne se posa la question de la « dictature » cubaine. D’autant plus que Compaïs et ses amis ont tranquillement joué pendant des années à Cuba avant de devenir célèbres dans le monde entier. Pour les avoir écouté en janvier 1998 au Buena Vista Social Club, la boite où ils se produisaient, je peux témoigner que leur succès presque quotidien n’était pas réservé aux touristes. Et puis, de toutes les façons, les Etats-Unis et les pays européens fréquentent et aident des pays, en Afrique ou en Asie, des régimes dont les dirigeants sont largement plus suspects que Fidel, Raùl et leurs ministres.

Reste que je crains fort que les nouveaux rapports –mais l’embargo n’est pas encore sur le point d’être levé- entre les Etats Unis et l’ile rebelle depuis plus de cinquante ans, ne tournent mal pour les Cubains à nouveau et un jour prochain à la merci du capitalisme envahissant et corrupteur des Américains…

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