LO vire à gauche

Michel Soudais  • 14 février 2008 abonné·es

Le virage est historique. Il y a quelques mois encore, Lutte ouvrière reprochait à la LCR son slogan « 100 % à gauche ». Pour l’organisation d’Arlette Laguiller, le simple fait de se dire de gauche était un début de compromission avec les partis bourgeois qui revendiquent la même étiquette. Cette époque est révolue. LO sera présente aux municipales sur une cinquantaine de listes unitaires de la gauche, avec le PS et le PCF.

Ce sera le cas notamment à Marseille, Clermont-Ferrand, Perpignan, Bourges, Toulon, Belfort, Compiègne, Vierzon, Chartres, Lens, Vénissieux et de nombreuses cités en région parisienne, dont douze en Seine-Saint-Denis. Dans les villes du 93 où le PS a présenté une liste contre le maire sortant communiste, comme à Saint-Denis, les candidats de LO figurent sur la liste du parti communiste. Et si, dans soixante-dix autres villes (Paris, Lyon, Strasbourg, Rouen, Rennes, Nantes, Orléans, La Rochelle, Caen, Metz, Dunkerque, Tours, Reims et Mulhouse), le parti trotskiste présente des listes « sous sa propre étiquette » , c’est à cause du « refus du PC ou du PS, ou de ces deux partis » , explique-t-il.

Jamais auparavant LO, qui continue à rejeter une alliance gouvernementale avec le PS, n’avait conclu d’accords aux municipales avec le PS et le PCF. « Nous faisons la différence entre la participation au gouvernement, où la gauche ne peut mener qu’une politique favorable au grand patronat », et « le gouvernement des municipalités » , explique Georges Kaldy, le principal dirigeant de LO, ajoutant : « Pour un ouvrier ou un chômeur, c’est mieux de vivre dans une ville gouvernée par la gauche que par la droite. »

Cette stratégie est contestée au sein de LO par la fraction l’Étincelle, formée en 1996 : « Une fois que nous aurons mis le pied dans des dizaines ou des centaines de majorités municipales d’union de la gauche, quelle sera la suite » lors des prochains scrutins, notamment aux législatives ? demande-t-elle. Cette opposition vaut aux membres de l’Étincelle une suspension, jusqu’au prochain congrès de LO, fin 2008. Du coup, c’est la LCR qui relaie ses critiques. Dans Rouge (7 février), Yvan Lemaître, un ancien de LO, dénonce « un virage à 180° » qui « tourne le dos au passé de l’organisation », et accuse la direction de LO de « sectarisme » et d’ « opportunisme » .

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