Changer, disaient-ils

Le Conseil reconduit Barroso et donne des gages à la droite irlandaise pour faire adopter le traité de Lisbonne.

Michel Soudais  • 25 juin 2009 abonné·es
Changer, disaient-ils

Comme si de rien n’était. Ou presque. Le premier Conseil européen d’après les élections européennes s’est prononcé, sans surprise, pour la reconduction de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne. Il a aussi apporté aux Irlandais les garanties que leur Premier ministre, Brian Cowen, réclamait pour arracher un vote d’adhésion au traité de Lisbonne. Deux appuis qui ne se sont pas faits sans contorsions juridiques.
Selon le Premier ministre tchèque, Jan Fischer, qui préside l’UE, M. Barroso « a reçu un soutien unanime des chefs d’État et de gouvernement » . Un joli pied de nez à tous les électeurs qui ont cru que l’UMP ou le PSE voulaient « changer l’Europe ».

Cette reconduction à l’identique n’est toutefois pas encore acquise. Car contrairement à ce que le sens commun comprend d’un « soutien unanime » l’ancien chef du gouvernement portugais, âgé de 53 ans, dont le mandat à la tête de la Commission européenne arrive à échéance le 1er novembre, n’a pas été nommé pour cinq nouvelles années. Les Vingt-Sept se sont contentés d’ « envisager de [le] désigner » , selon les termes du communiqué final. Et avant de formaliser cette intention, ils veulent s’assurer que le Parlement « est en mesure d’approuver cette désignation » le 15 juillet.
Car si la reconduction de l’ultra-atlantiste et très libéral M. Barroso satisfait les chefs d’État et de gouvernement de l’UE, qu’ils soient conservateurs, libéraux, sociaux-démocrates ou travaillistes, ces derniers ne le soutiennent pas assez pour risquer un désaveu du Conseil par le Parlement européen. Comme l’a expliqué Nicolas Sarkozy lors de sa conférence de presse à Bruxelles, « l’Europe n’a pas besoin en plus aujourd’hui d’un conflit entre les différentes institutions ». Pour désigner l’ensemble de la Commission, le Conseil a ainsi accepté d’attendre, comme le souhaitait le Parlement, le résultat du nouveau référendum irlandais.

Les dirigeants européens escomptent bien que cette consultation, prévue en octobre, permettra d’adopter le traité de Lisbonne. Ils se sont pour cela engagés à faire inscrire les garanties demandées par le gouvernement irlandais pour contrer le « non » de droite – notamment le droit de continuer à interdire l’avortement et l’autorisation de pratiquer le dumping fiscal – dans un protocole annexé au prochain traité d’adhésion. Mais se sont contentés pour la protection des travailleurs et les services publics d’une simple « déclaration solennelle » , sans valeur juridique aucune. Ce qui est dans l’ordre européen des choses.

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