La vie est belle

« Les plages d’Agnès », un film inventif entre légèreté et gravité.

Christophe Kantcheff  • 24 décembre 2009 abonné·es

Revoir les Plages d’Agnès un an après sa sortie, grâce à sa parution en DVD, rehausse encore l’estime, déjà grande, dans laquelle nous tenions ce film. Nous en étions sorti émerveillé par l’inventivité poétique et drolatique d’Agnès Varda, qui, à 80 ans, avait décidé de remonter en images le cours de sa vie. Si la cinéaste marche à reculons – ce qu’elle fait littéralement devant la caméra – sur l’échelle du temps, c’est en étant dénuée de toute nostalgie, et sans aucun mépris pour le présent.
De son enfance en Belgique jusqu’à la visite de ses amis et voisins de la rue Daguerre, à Paris, où elle habite depuis très longtemps, qui, pour son anniversaire, viennent lui offrir 80 balais (!), le film déroule une existence riche d’amour, d’amitiés, de photographie – la première activité d’Agnès Varda – et de cinéma. La cinéaste n’utilise pas d’images d’archives, sinon des photos et quelques extraits de ses films, mais incarne elle-même son récit, en se mettant aujourd’hui dans des situations d’hier. C’est ce côté décalé et en même temps très émouvant qui donne sa légèreté aux Plages d’Agnès.
Pourtant, la gravité du film est peut-être plus sensible aujourd’hui. Car le temps a aussi fait son œuvre morbide. Combien d’amis et d’amours, au premier rang desquels Jacques Demy, ont disparu ? Dans une très belle séquence, Agnès Varda leur offre à chacun des roses. Il y a dans les Plages d’Agnès comme une philosophie de la précarité du bonheur, à l’image des tout derniers mots que la cinéaste prononce : « Je me souviens pendant que je vis. »

Culture
Temps de lecture : 2 minutes