NPA : un congrès désastreux

Incapable de s’entendre sur une orientation stratégique, divisé sur ses alliances et sur la laïcité, le parti d’Olivier Besancenot sort affaibli de son premier congrès.

Michel Soudais  • 17 février 2011 abonné·es
NPA : un congrès désastreux

Les révolutions tunisienne et égyptienne ont sauvé le congrès du NPA. Une motion de soutien à ces révolutions arabes a été adoptée par les délégués à la quasi-unanimité, après un meeting de solidarité très apprécié, vendredi soir. Ce vote, avec l’approbation par près de 70 % des congressistes d’un texte intitulé « Nos réponses à la crise » , constitue la seule consolation d’un congrès au cours duquel la formation anticapitaliste a surtout donné l’image « d’un parti sans boussole, déchiré tant sur la stratégie, sur les questions démocratiques que sur la laïcité » , selon le résumé qu’en donne Hendrik Davi, un militant avignonnais qui tient un blog sur Mediapart.

Tiraillé entre trois orientations à l’issue des votes des militants ( Politis n° 1139), le NPA n’est pas parvenu à surmonter ses divisions à l’issue de son congrès, le week-end dernier. La direction sortante, dont la « position » (42 %) reflétait plus un accord de direction qu’un accord politique, n’a pu réunir une majorité sur un « appel » a minima qui aurait donné au NPA un cap pour 2012. Son texte, qui prônait la recherche d’une « candidature des luttes dans leur diversité » , n’a recueilli que 130 voix des quelque 350 délégués. Une partie d’entre eux ne souhaitaient pas que le NPA s’engage dans une préparation de la présidentielle, tandis que d’autres voyaient dans cette proposition un leurre préparant la candidature d’Olivier Besancenot.

Polyphonique sur son orientation, le NPA est plus univoque dans sa critique des autres formations de la gauche radicale, singulièrement le Front de gauche (FdG). Ce dernier est caractérisé par la direction sortante (position 1) comme « la cristallisation dans le paysage politique d’une gauche réformiste antilibérale qui n’a pas coupé les ponts avec le social-libéralisme et qui entend dans le même temps disputer aux anticapitalistes l’espace de la radicalité » . La position 2 (28 %), identitaire, souhaitait « dire que le NPA ne soutiendra à l’occasion des présidentielles et des législatives que des candidatures clairement anticapitalistes, indépendantes du PS et des partis du Front de gauche, sur une plate-forme lutte de classe » . Enfin les marxistes révolutionnaires de la position 4 (un peu plus de 3 %) appelaient à « se délimiter clairement du réformisme moribond du PCF et du PG » accusés de « voler au secours du capitalisme » . S’il rassemble largement, à l’exception de la position 3 (27 %), favorable à l’unité à la gauche du PS, ce refus de toute discussion avec le FdG souligne l’incapacité du NPA à construire une alternative politique au social-libéralisme, perspective qui avait pourtant présidé à sa fondation.

L’hémorragie militante constatée à l’occasion de ce premier congrès – en deux ans, le NPA a perdu entre un tiers et la moitié de ses adhérents – sanctionne cet échec [[Sept membres du courant unitaire Convergences et alternative, dont le syndicaliste Yann Cochin, ont annoncé dimanche qu’ils reprenaient « par d’autres chemins le projet [qu’ils croyaient] possible lors
de la fondation du NPA ». Parmi eux, la militante antiprécarité Leïla Chaibi rejoint le Parti de gauche.]] tout autant qu’un mode d’organisation qui, pour être démocratique, n’évite pas l’enlisement dans des débats sans fin. En témoignent la question non résolue ouverte par la présence de candidates voilées (voir ci-dessous) et l’absence de nouveaux porte-parole pourtant annoncés il y a deux ans. Une commission réfléchit encore aux… critères de leur désignation. Dans ce blocage n’émerge vraiment que la figure d’Olivier Besancenot, dont une troisième candidature apparaît désormais comme seule capable de redonner une perspective à un parti mal en point. Ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle.

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