Et que plus jamais ils ne reviennent !

Je cherche les culs vers lesquels nous devrions d’urgence projeter nos pieds.

Sébastien Fontenelle  • 10 octobre 2013 abonné·es

Depuis l’élection du gars pour qui t’as voté contre Sarkozy, les semaines se suivent et se ressemblent, t’as vu – et tout se passe exactement comme au temps que ledit Sarkozy était encore dans l’Élysée : la droite régimaire continue de fomenter, nonobstant les journées de mobilisation des chefferies de la CGT, de nécessaires mais urgentes « réformes » (des retraites, genre), de confectionner pour le patronat des mesures d’accompagnement social qui font pâmer le Medef, et d’agiter, pour détourner ton attention de ces gâteries à répétition, l’épouvantail sécuritaire de la menace rome [^2], liste non exhaustive.

À bien y regarder, cependant, il y a dans le hideux règne des « socialistes » quelque chose de nouveau, qui est qu’ils se sont définitivement libérés des retenues qui borduraient, dans le précédent quinquennat, l’exercice du pouvoir : Sarkozy, même aux pires moments de son extrême droitisation ( remember the discours of Grenoble), n’est jamais allé aussi loin dans l’excitation contre les Roms de certaines passions malsaines que le dénommé Valls – le gars, tu sais, qui déclame publiquement des versets phobeux qui le font acclamer par MM. Collard & Philippot, du parti pénique, que sa décomplexion ébaudit, et comme on les comprend. L’effet concret de cette convergence est que, dans l’élection cantonale de Brignoles (Var) qui s’est tenue ce dimanche, l’FN a mis une gigantesque branlée aux droites « socialiste » et UMPique, et ce résultat confirme, pour qui en aurait encore (très) sottement douté, que les « fermetés » où MM. Hollande & Valls [^3] banalisent ses logorrhées parano-sécuritaires contribuent aux succès – aux triomphes – de la Pen, en adressant à son votat [^4] le désinhibant message qu’elle ne dit après tout rien de plus inconvenant que le ministre de l’Intérieur [^5] et son élyséen protecteur, et qu’il n’est par conséquent pas plus inconvenant de voter pour elle que pour des candidat(e)s rosé(e)s.

C’est pourquoi, pour ce qui me concerne, quand j’entends David Assouline, porte-parole de la coterie de Solférino [^6], crouler que son parti part dans une croisade « anti-FN » (où ses troupes seront notamment emmenées par l’irréprochable « républicain » qu’est selon lui Manuel Valls), ça me fait un peu le même double effet que quand des tycoons [^7] de l’industrie de la nicotine jurent d’être en pointe dans le combat contre le tabagisme : je suis d’abord pris d’une furieuse envie de vomir, puis, juste après, je cherche où sont les culs vers lesquels nous devrions d’urgence projeter nos pieds, pour aider à ce qu’ils s’en aillent todos, et vite. Et à ce que surtout –  surtout  : plus jamais ils ne reviennent. 

[^2]: J’accorde, si tu permets. (Et si tu ne permets pas : j’accorde quand même.)

[^3]: N’oublions jamais, je te prie, que le second a, dans ses proférations les plus odieuses, l’entier « soutien » du premier.

[^4]: Rime riche.

[^5]: Je ne te cache pas, mon cher Robert, que j’ai failli me laisser aller.

[^6]: Où le P«S» a le siège.

[^7]: J’adore ce mot.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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