Estrosi, saint arracheur de dents

Le président du conseil régional de Paca affectionne les plus belles légendes et n’en a pas été avare sur le plateau de « Cash investigation »

Christophe Kantcheff  • 26 octobre 2016
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Estrosi, saint arracheur de dents
© Erick GARIN / Citizenside / AFP

On se souvient que l’an dernier, face aux dangers faisant peser sur la « civilisation judéo-chrétienne » les « cinquièmes colonnes de l’islamo-fascisme », Christian Estrosi, toujours très à cheval sur la laïcité, avait confié les destinées de sa ville, Nice, à l’intercession de la dite « vierge Marie » en l’église Notre-Dame-des-Grâces.

Le président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur est donc un homme de foi. Mais est-il de bonne foi ? « Ça se discute », comme disait l’autre. J’en veux pour preuve son excellente idée de faire raboter le bureau de son successeur à la tête de la mairie de Nice, Philippe Pradal, qu’il a mis en place pour cause de loi sur le cumul des mandats. Le nouvel édile se retrouvant au même niveau que son premier adjoint… le très sain(t) Estrosi, apôtre de la menuiserie ! Celui-ci a démenti l’information de Nice-Matin, qui y voyait un péché d’orgueil. Une vile interprétation pour laquelle la rédaction se serait même « excusée », a ajouté l’élu. Sauf que le quotidien n’a présenté aucune excuse. L’homme de foi entend des voix.

De même, il affectionne les plus belles légendes. Le président du conseil régional de Paca n’en a pas été avare sur le plateau de « Cash investigation », le 18 octobre, consacré aux partenariats public-privé, dont le tout récent et immense stade de Nice est un fruit coûteux. Devant une Élise Lucet qui ne s’en laissait pas conter, ce disciple de Nicolas Sarkozy a multiplié les affirmations, avec l’air outré de l’innocent de la crèche. Exemple : sa présence dans l’émission, dont il juge le travail d’« une grande médiocrité », parlant peut-être d’expérience, n’aurait été due qu’à sa seule volonté, sans que la journaliste et son équipe ne l’eussent jamais sollicité. Pure invention, comme le démontre, sur le site de l’émission, un texte de réponse aux affabulations de « l’auto-invité ».

Au jeu de la vérité révélée, Christian Estrosi se montre décidément trop zélé. En mai 2016, la cour d’appel du tribunal d’Aix-en-Provence a confirmé sa condamnation pour diffamation contre le Syndicat national de l’environnement, avec à la clé une amende de 10 000 euros au pénal. C’est parfois dangereux de faire passer des fables pour la réalité. On finit dans la délinquance. Y a pas de miracle…

Culture
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