Partir de la base

Pauline Graulle  • 31 janvier 2008 abonné·es

Depuis juin 2006, le Collectif pour l’économie solidaire en Île-de-France (Cesif) permet aux acteurs, réseaux et structures franciliens de l’économie solidaire de se regrouper sous une bannière commune. Restait à raccrocher à cette locomotive régionale de l’économie solidaire en Île-de-France ses wagons départementaux. Voilà qui est fait ! En Essonne, le Cesif 91 a été lancé au terme de plusieurs mois de réflexion ponctués par le colloque « Actions croisées », organisé le 12 janvier dernier à Grigny, en partenariat avec une douzaine d’associations locales de lutte contre les discriminations. Cette première plateforme départementale d’économie solidaire en Île-de-France entend renforcer les actions de terrain et encourager l’innovation pour essayer de répondre au mieux aux attentes des habitants. Nacer Benrajeb, trésorier de la régie de quartier Grigny-Viry-Châtillon, qui, avec les associations Sous tous les toits du monde et Élan solidaire, a impulsé la création du Cesif 91, explique : « En tant qu’économie de proximité, l’économie solidaire doit s’ancrer sur un territoire pour que les initiatives partent d’en bas, de la volonté des gens. La dimension territoriale de ce collectif, c’est tout l’inverse du « plan » banlieue, qui, d’en haut, lance des effets d’annonce ! Nous n’avons d’ailleurs jamais été consultés par le gouvernement… »

Sans attendre le plan banlieue, dans la continuité des ateliers d’« Actions croisées », le Cesif 91 associera économie solidaire et lutte contre les discriminations. Une démarche hybride qui met l’accent sur l’amélioration des conditions de vie d’une population fragilisée par l’économie ultralibérale excluant les plus démunis. De Vivacité, et ses projets de réinsertion par le « grappling » ­ un sport de lutte ­, à l’association « Femmes africaines » de Viry-Châtillon, les petites structures locales souhaitent se réunir pour se faire entendre. « Le Cesif 91, en tant que pôle de ressources, va épauler les associations qui font de l’économie solidaire sans le savoir dans leur démarche auprès des institutions, leur recherche de financements, etc. Tout ne doit pas être concentré à Paris, il faut un réseau local ! » , plaide Ousmane Dabo, président de l’Association France-Afrique d’aide au développement (Afaad), qui organise des projets internationaux avec des jeunes en situation difficile. « Le Cesif 91 va surtout permettre de faire connaître des structures qui paraissent anodines, alors qu’en fait elles sont très actives et efficaces » , souligne Zaira Zine, la présidente de Palabre, une association de Grigny qui travaille sur l’oralité via le théâtre et les contes, avec notamment les habitants de la cité de la Grande-Borne. « Les petites associations sont discriminées quant à l’accès au droit et au savoir. « Palabre » est ainsi peu reconnue par rapport à d’autres compagnies grignoises qui travaillent aussi avec les quartiers, mais qui bénéficient d’aides nationales. J’espère vraiment que le Cesif 91 amènera enfin l’État aux pieds des quartiers. »

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