Génie saltimbanque

À l’occasion des fêtes
de fin d’année,
Arte programme sept classiques de Chaplin, large palette de son œuvre.

Jean-Claude Renard  • 17 décembre 2009 abonné·es

Hannah Hill, Charles Chaplin. Deux artistes de music-hall anglais. Quand le fiston Charles Spencer naît en 1889, ils donnent le coup d’envoi d’une dynastie de saltimbanques. Charlie grandit dans un décor dickensien, avec un père crevant d’une cirrhose, une mère anéantie par la folie et la misère. La matière dense et suffisante pour nourrir une œuvre, entre la poésie de la scène et la violence de la vie. Et c’est exactement ce que mit Chaplin dans ses films. Une vie de saltimbanques, poursuivie de génération en génération. Qu’on en juge : parmi ses enfants, Michael, Jane, Annette, Emily et Christopher apparaissent furtivement dans ses derniers films. Sidney, autre fiston, s’est acquitté d’une carrière de réalisateurs de téléfilms secondaires, Josephine, s’est lancée dans la production.
Dans la progéniture féconde, Geraldine est évidemment celle qui a le plus marqué le cinéma. Figurante dans l es Feux de la rampe et Un roi à New York, remarquable dans Docteur Jivago, de David Lean. Puis, et surtout, actrice et compagne du cinéaste Carlos Saura, illuminant Anna et les loups, Cria cuervos, Maman a cent ans… Comédienne encore pour Altman, Ivory, Rivette ou Scorcese… Dans la thématique de la filiation, elle a aussi endossé le rôle de la grand-mère de son propre père dans le Chaplin réalisé par Attenborough (1992).

Toujours côté progéniture, certains petits-enfants se sont tournés vers le cirque, poursuivant ainsi la tradition artisanale du spectacle inaugurée par les aïeuls. Tandis que James Thierrée Chaplin occupera la scène du Théâtre de la Ville en cette fin d’année, et que Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée reviennent au Rond-Point avec le Cirque invisible , c’est sur cette thématique qu’insiste la programmation d’Arte, soulignant l’art sans paroles de Chaplin, piquant ses trilles dans le cirque.
La programmation est dense, avec sept films en version restaurée, autant d’œuvres devenues des classiques. Le Dictateur, les Temps modernes, les Lumières de la ville, les Feux de la rampe, l’Opinion publique, la Ruée vers l’or et le Kid . Soit une palette large du comédien cinéaste, de satire sociale et politique en audace formelle, d’œuvre visionnaire en film testament, illustré par les Feux de la rampe , et dans lequel Chaplin en clown déchu s’offre Buster Keaton pour partenaire.

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