Vices de famille

Une pièce de Marie NDiaye au cheminement trop prémédité.

Gilles Costaz  • 17 mars 2011 abonné·es

Comme nous avions aimé les premières pièces de Marie NDiaye, Hilda et Papa doit manger ! Hélas, l’état de grâce stylistique ne se reproduit pas avec les  Grandes Personnes , au théâtre de la Colline. Marie NDiaye construit sa tragédie dénonciatrice sur la famille occidentale de manière géométrique. D’un côté, une famille où une fille morte parle parmi les vivants et où l’on a élevé un enfant noir sans respecter sa culture. De l’autre, une seconde famille qui ferme les yeux sur la vraie nature du fils : celui-ci, instituteur, viole ses élèves, impunément, jusqu’à ce qu’une mère vienne réclamer la reconnaissance de la faute. Les deux couples ont une histoire commune, leurs destins s’entrecroisent. Par moments, la réalité est transfigurée par l’imaginaire, mais ces instants sont rares. Le cheminement de la pièce est trop prémédité. On entend Marie NDiaye rire des perversions de ses personnages, auxquels elle ne donne que peu d’existence.

Le metteur en scène, Christophe Perton, ne semble savoir que faire d’un objet aussi carré et massif. Il répartit les scènes dans l’espace en tentant d’équilibrer le trivial et le cérémoniel. Les acteurs sont vifs dans l’expression de l’horrible comédie bourgeoise : Christiane Cohendy, Roland Depauw, Vncent Dissez, Évelyne Didi, Jean-Pierre Malo. Ou dans son antithèse : Adama Diop, Aïssa Maïga, Stéphanie Béghain. Mais l’œuvre manque de quelque chose. D’un langage plus transposé ou d’une fureur comique mieux affirmée.

Culture
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