À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 6 octobre 2011 abonné·es

On ne pouvait rêver mieux que de recevoir Jean-Pierre Darroussin dans ces pages, pour ce numéro inaugurant notre nouvelle formule. D’abord parce qu’il nous a accordé cet entretien à l’occasion de la sortie d’un film remarquable, De bon matin, de Jean-Marc Moutout, où le comédien, impressionnant, est de tous les plans. « Il tient le film », comme on dit, même si De bon matin a d’autres atouts solides.

Ensuite, parce que Jean-Pierre Darroussin peut aujourd’hui tout jouer avec la même justesse bluffante, la comédie, la tragédie, et même prendre à contre-pied le « capital sympathie » dont il bénéficie auprès des spectateurs (le flic collabo dans l’Armée du crime ). Pour autant, il continue de chercher à s’améliorer à la faveur d’une réflexion suivie sur son travail – cet entretien en témoigne.

Enfin, Jean-Pierre Darroussin est un artiste très populaire sans être people ni avoir pris la grosse tête. S’il est désormais « bankable », selon le joli jargon du milieu du cinéma, il ne le doit qu’à son talent et à la pertinence de ses choix, entre premiers essais, films d’auteurs élaborant une œuvre (Moutout, Jérôme Bonnel, les Larrieu, Cédric Kahn…), quelques films grand public et sa collaboration au long cours avec Robert Guédiguian…

Populaire mais toujours en retrait, «  décalé  » comme il le dit lui-même, tel est Jean-Pierre Darroussin. On aimerait que tous les comédiens, et plus généralement tous ceux dont le métier est d’être sur la place publique et médiatique – les journalistes, les animateurs de télévision, les hommes et femmes politiques… – aient la même réticence au narcissisme. Mais ne rêvons pas. Et prenons notre plaisir à voir évoluer un très grand comédien, dont les qualités ne sont sans doute pas étrangères au fait d’avoir su rester fidèle à une certaine idée de son rapport aux autres et au monde. Une idée dont le maître-mot est humilité.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Pasolini, la conspiration du pétrole
Théâtre 5 décembre 2025 abonné·es

Pasolini, la conspiration du pétrole

Avec Pétrole, le metteur en scène Sylvain Creuzevault partage avec le public son goût pour l’œuvre de Pasolini, qui accompagne depuis ses débuts son aventure théâtrale. Un passionnant livre d’entretien mené par Olivier Neveux prolonge notre immersion sur la planète Singe, nom de la compagnie de l’artiste.
Par Anaïs Heluin
Romane Bohringer : « Les mères défaillantes ont besoin de soins, pas d’être jugées »
Entretien 3 décembre 2025 abonné·es

Romane Bohringer : « Les mères défaillantes ont besoin de soins, pas d’être jugées »

Dans Dites-lui que je l’aime, adaptation très libre du livre éponyme de Clémentine Autain, aussi présente dans le film, la réalisatrice rend hommage à des femmes, leurs mères, dans l’incapacité d’exprimer leur amour à leur enfant. Elle explique ici comment elle a construit son film à partir du texte de l’autrice, en qui elle a reconnu un lien de gémellité.
Par Christophe Kantcheff
« Mektoub my Love : Canto Due » : un bien sage retour
Cinéma 2 décembre 2025 abonné·es

« Mektoub my Love : Canto Due » : un bien sage retour

Sept ans après, Abdellatif Kechiche complète son triptyque.
Par Christophe Kantcheff
« Aïta – fragments poétiques d’une scène marocaine » : cris et miroitements
Exposition 28 novembre 2025 abonné·es

« Aïta – fragments poétiques d’une scène marocaine » : cris et miroitements

À Bordeaux, le Frac MÉCA reflète la vitalité remarquable de la scène artistique du Maroc – des années 1960 à aujourd’hui – via une exposition chorale qui s’articule autour de l’aïta, art populaire symbole d’insoumission porté par des femmes aux voix puissantes.
Par Jérôme Provençal