À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 29 mars 2012
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Au prochain printemps est un film dont on ne sait pas immédiatement où il va parce qu’il multiplie les directions. Parce qu’il est curieux de tout. Et qu’il prend le temps. Avec ces qualités, le cinéma selon Luc Leclerc du Sablon s’ouvre grand au spectateur, qui y trouve confortablement sa place.

À quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle de 2007, Au prochain printemps montre des gens qui travaillent, dans une scierie, une épicerie, un port de pêche, une ferme, un café… C’est à Bègles, en Bretagne, au Havre, en région parisienne, près du plateau de Millevaches…
Un film impressionniste ?

Il y a de ça, avec cette liberté que la littérature s’accorde plus facilement que le cinéma, surtout quand il s’agit d’un documentaire : une structure en puzzle, avec des plans sur un rond-point routier, puis sur un homme qui donne le biberon à son bébé, puis sur une araignée qui tisse sa toile, enfin sur des potes en train de déjeuner qui parlent de la société telle qu’elle ne va pas ; et ainsi de suite.

Au prochain printemps donne une certaine image de la France, que d’aucuns qualifieraient de profonde ; ils n’auraient pas tort s’ils voulaient dire par cette expression qu’elle ne manque pas d’idées et de réflexion. Luc Leclerc du Sablon a fait le pari de l’intelligence et de l’amitié. Avec tous ces intervenants, il entretient une forte relation de confiance ; et toutes ces personnes qui font notre pays – des travailleurs, des chômeurs, une femme seule, un jeune couple mixte, des immigrés… – ont un regard critique, des envies de transformation sociale, souvent des analyses et des propositions justes.

Bien que l’élu à la présidentielle de 2007 ait été un personnage catastrophique, et quoi qu’il arrive en mai 2012, Au prochain printemps est un film encourageant. Parce qu’il montre à quel point
les cyniques et les misanthropes ont toujours tort.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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