Tony Scott et Snowden (À flux détendu)

Le film Ennemi d’État critiquait l’inclination des États-Unis à la surveillance paranoïaque.

Christophe Kantcheff  • 29 août 2013 abonné·es

Il y a un an, presque jour pour jour, disparaissait le cinéaste Tony Scott. En se jetant du haut du pont Vincent-Thomas, dans le sud de Los Angeles, sans laisser derrière lui d’explication, le réalisateur, frère cadet de Ridley Scott, a plongé de très nombreux admirateurs dans l’expectative. Car il en avait, Tony Scott, des spectateurs ! Spécialisé dans le blockbuster, les films d’action à gros budgets, le réalisateur de Top Gun a atteint, avec ses productions, des recettes records au pays d’Hollywood. Mais, outre son sens de l’efficacité dans la mise en scène, qui touche à la virtuosité la plus étourdissante dans les courses-poursuites, Tony Scott a aussi développé un véritable univers, où la critique des États-Unis n’est pas absente, plus précisément l’inclination de ce pays à la surveillance paranoïaque tous azimuts, qui, dans certaines circonstances, peut devenir meurtrière. C’est ce que raconte Ennemi d’État, où des agents de la National Security Agency (NSA), pour couvrir le meurtre commis par l’un de ses responsables, entrent dans l’intimité d’un avocat (interprété par Will Smith) pour l’humilier et l’anéantir. Comment s’étonner dès lors des révélations d’Edward Snowden, et des misères en conséquence qui lui sont faites ? D’autant qu’ Ennemi d’État a été réalisé au siècle dernier, en 1998 ! L’une des images récurrentes du film, symbolique, est celle d’un satellite qui tourne autour de la Terre et enregistre tout ce qu’il peut jusqu’à plus soif. Le film montre les techniques les plus élaborées utilisées par la NSA, qui ne laissent aucune zone de secret – donc de liberté – si tel est son objectif. Par ailleurs, Gene Hackman y partage la vedette avec Will Smith : il joue un ancien de la NSA qui décide d’aider l’avocat. Un « repenti », donc, comme Snowden, c’est-à-dire le pire ennemi pour ses anciens patrons. Sur cette affaire, décidément, Tony Scott avait déjà tout dit.

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