La Commission européenne place Paris sous surveillance renforcée

Michel Soudais  • 5 mars 2014 abonné·es

Illustration - La Commission européenne place Paris sous surveillance renforcée


La Commission européenne vient de placer la France sous surveillance renforcée, après avoir une nouvelle fois épinglé son manque de compétitivité et le niveau élevé de sa dette. Cette notification, tombée à la mi-journée, est d’importance et aura en tout état de cause plus de répercussions sur la vie quotidienne des habitants de notre pays que la publication des enregistrements du conseiller que Nicolas Sarkozy s’était choisi.
Pour la Commission de Manuel Barroso, la France souffre de nombreux déséquilibres macroéconomiques qui n’ont pas été suffisamment corrigés et nécessitent désormais ce type de surveillance qui sera également appliquée à l’Espagne et à l’Irlande, deux pays qui viennent tout juste de sortir de leur plan d’assistance financière.

Hasard du calendrier ? L’annonce de Bruxelles , au moment où se discute entre partenaires sociaux le « pacte de responsabilité », arrive à point nommé pour conforter le point de vue patronal. Elle s’ajoute à une longue liste de griefs de la Commission à l’encontre de la France, à qui sont reprochés un manque de compétitivité, un coût du travail trop élevé et une dette publique qui ne cesse d’enfler. « Le déficit commercial qui ne cesse de se creuser reflète la perte continue des parts de marché à l’exportation » , analyse la Commission, dont le rapport souligne :
« Malgré les mesures prises pour favoriser la compétitivité, jusqu’à présent le rééquilibrage est limité. (…) Le coût du travail reste élevé et pèse sur les marges des entreprises. »
Concernant le niveau de la dette, le risque est que la France se retrouve « exposée à des turbulences sur les marchés financiers, qui auraient des retombées sur l’économie réelle » , estime Bruxelles, qui, « compte tenu [du] poids économique » de la France, craint que sa défaillance n’affecte la santé de la zone euro tout entière.
Fin février, lors de ses prévisions économiques, Bruxelles avait mis en garde la France contre le risque de voir ses finances publiques déraper, le déficit public français devant, selon ses calculs, rester largement au-dessus de 3 % en 2014 comme en 2015, sauf nouvelles mesures d’économies.

Dans son rapport rendu public ce mercredi la Commission fait le point sur les déséquilibres économiques de 17 pays européens au total. La Croatie, la Slovénie et l’Italie – qui conjugue elle aussi une dette conséquente à des problèmes de compétitivité – sont dans une situation pire que la France et font face à des déséquilibres jugés « excessifs » qui requièrent également une surveillance renforcée.
De son côté, l’Allemagne est une nouvelle fois épinglée pour ses excédents, qui constituent des déséquilibres macroéconomiques. L’excédent commercial allemand, supérieur à 6 % du PIB depuis 2007, traduit la dépendance de Berlin envers les exportations et la faiblesse de sa demande intérieure. « L’Allemagne doit mettre en place des mesures pour stimuler sa demande intérieure et son potentiel de croissance » , indique le rapport.

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