Marine Le Pen prend le Medef à contrepied

Venue présenter ses orientations économiques devant l’organisation patronale, la candidate de l’extrême droite n’a pas hésité à jouer la carte de la protection sociale et du bras de fer avec les grandes entreprises et les banques.

Nadia Sweeny  • 28 mars 2017
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Marine Le Pen prend le Medef à contrepied
© Photo : ÉRIC PIERMONT / AFP

Marine le Pen arrive en terrain hostile au Medef, devant un Pierre Gattaz qui tarde à venir s’asseoir, dans la salle, en face de la candidate. La présidente du Front national, fiches en main, fidèle à son orientation « antilibérale » s’est lancée dans une série d’attaques sur les thématiques habituellement investies par la gauche : l’Europe, la protection sociale, les salaires, les retraites… jetant son dévolu vers les très petites entreprises (TPE), les PME et les entreprise à taille intermédiaire (ETI).

Sur un ton agressif, le monde de l’entreprise tel que défendu par le Medef en a pris « pour son grade », notamment sur les questions d’évasion fiscale et de subventions étatiques : « Beaucoup sont venus promettre un million d’emplois mais personne ne les a jamais vus », a-t-elle lancé, évoquant les milliards d’euros donné, via le CICE aux entreprises. Avant d’interpeller directement les entrepreneurs : « Soit on baisse les salaires [et] on fait s’effondrer le système de protection sociale, soit on retrouve la mainmise sur notre monnaie. Vous voulez vous tourner vers vos salariés et leur dire qu’il vont perdre 20 % de leur salaire ? »

L’un d’entre eux compare alors son programme à celui de Jean-Luc Mélenchon. « J’attendais le moment où l’on comparerait mon programme à celui de Mélenchon », s’est-elle agacée. Le candidat de la France insoumise ne pourra pas plus répondre. Dans ce grand oral organisé par le Medef, l’extrême droite occupe le terrain laissé libre par les candidats de la gauche : ni Benoît Hamon ni Jean-Luc Mélenchon ne se sont déplacés et leur venue n’est pas encore prévue. « Pour des raisons d’agenda », a indiqué le service de presse de l’organisation patronale, celle-ci exigeant qu’ils se déplacent en personne. Ce que Philippe Poutou et Nathalie Arthaud ont accepté. Ils débattront avec les patrons français le 5 avril.

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