Des lycéens détournent le Black Friday en jour pour l’écologie

Débauche de consumérisme touchant beaucoup les jeunes, le Black Friday est transformé en Climate Friday pour sensibiliser à l’écologie. Reportage dans un lycée à Bagnolet.

Pierre Hémono  • 24 novembre 2018 abonné·es
Des lycéens détournent le Black Friday en jour pour l’écologie
© photo : Alain Pitton / NurPhoto

Il est midi ce vendredi 23 novembre, la sonnerie retentit dans le lycée Eugène-Hénaff à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), et des élèves annoncent alors : « Les éco-délégués de votre lycée organisent pour le Climate Friday une récolte de fournitures scolaires dans le hall. » 

Au milieu de l’entrée du lycée trône une grande caisse, qui se remplit peu à peu de règles, classeurs, stylos… Un élève de filière professionnelle témoigne : « Je n’étais pas au courant de l’initiative mais quand j’ai vu ça ce matin, j’ai donné un classeur, il trainait dans mon casier, il ne servait à rien. » 

Portée par Diane Granoux, prof d’histoire-géo, cette initiative en faveur de la transition écologique invitent élèves, professeurs et agents du lycée à partager leurs fournitures superflues, afin qu’elles profitent à d’autres. « C’est une action qui commence aujourd’hui comme un symbole contre le Black Friday, mais elle a pour but de perdurer. Nous allons avoir un local où nous pourrons déposer ces fournitures et les proposer aux élèves tout au long de l’année », explique la professeure. 

Venu des États-Unis, le Black Friday, ce jour de prix cassés qui cible particulièrement les jeunes, commence à prendre de l’ampleur en France. Il est bien connu des élèves. « Tout le monde en parle en classe, je connais des filles qui vont aller faire les magasins après les cours », regrette Hajar, élève de terminale.

Jour sans viande

Inspiré d’un mouvement plus large relayé sur les réseaux sociaux, ce Climate Friday bagnoletais s’organise pour le moment de manière indépendante, par obligation de neutralité politique. Une quinzaine d’élèves s’investissent donc en tant qu’éco-délégués, afin de faire vivre cette récolte et de porter un message. « On cherche des moyens pour sensibiliser les autres à l’écologie, explique Narimene. Ils ont conçu une affiche, parcouru les classes pour annoncer l’événement, et ne comptent pas en rester là. 

Chérine voit plus loin : « Nous voulons aussi organiser un référendum dans le lycée pour avoir un jour par semaine sans viande à la cantine ; la viande, c’est ce qui pollue le plus. » Les éco-délégués comptent réaliser une vidéo de sensibilisation à l’impact écologique, et inviter l’association L214 au moment du vote. D’où vient cette motivation ? « C’est un peu pour me sauver moi-même, résume Billel_. À cause de comment on vit, ça sera bientôt plus possible d’être sur Terre. »_

Valoriser le bénévolat

D’autres idées commencent à germer, comme celle de rejoindre la marche pour le climat du 8 décembre. « Ce serait bien d’avoir un cortège du lycée, cela fait aussi partie de la construction citoyenne des élèves que d’exercer leur droit à manifester », estime Diane Granoux. Démarche qui est au cœur des intentions de ce lycée, comme l’explique son proviseur Pascal Fourestier : « Dans notre établissement, il y a un projet global de développer l’esprit critique de nos élèves, afin qu’ils puissent devenir des citoyens capable de réfléchir sur la société et de s’exprimer. » 

Tous les élèves du lycée sont obligés de s’engager d’une manière ou d’une autre dans une association interne ou partenaire au lycée. « Il s’agit de valoriser le bénévolat et de le faire valoir comme une compétence à égalité avec une expérience professionnelle », renchérit le proviseur. Ainsi, les élèves en menuiserie ont pour mission de construire des ruches pour une entreprise locale qui, en retour fera un don d’abeilles : elles iront rejoindre la ruche installée dans les espaces du lycée où poussent déjà des légumes et des fruits.

Société
Temps de lecture : 3 minutes

Pour aller plus loin…

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives
Reportage 6 décembre 2025 abonné·es

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives

Sur la plage de Gravelines, lieu de départ de small boats vers l’Angleterre, des militants d’extrême droite britannique se sont ajoutés vendredi 5 décembre matin aux forces de l’ordre et observateurs associatifs. Une action de propagande dans un contexte d’intimidations de l’extrême droite. Reportage.
Par Pauline Migevant et Maxime Sirvins
« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN
Récit 5 décembre 2025

« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN

À chaque événement public où se trouve Daniel Grenon, la militante d’Extinction Rebellion brandit une pancarte rappelant que « le racisme est un délit ». Un acte pour lequel elle a été convoquée plusieurs fois au commissariat et reçu un avertissement pénal probatoire.
Par Pauline Migevant
Comment le RN a monté en épingle l’enfarinement de Bardella pour s’attaquer aux syndicats
Analyse 5 décembre 2025 abonné·es

Comment le RN a monté en épingle l’enfarinement de Bardella pour s’attaquer aux syndicats

Après avoir qualifié son enfarinement de « non-événement », Jordan Bardella et des députés du Rassemblement national ont été jusqu’à interpeller le ministre de l’Éducation nationale pour infamer les « syndicats d’extrême gauche » qui encourageraient « la violence politique ».
Par Pauline Migevant
À Rennes, l’errance des mineurs isolés, abandonnés par l’État
Reportage 5 décembre 2025 abonné·es

À Rennes, l’errance des mineurs isolés, abandonnés par l’État

Plus de 3 200 jeunes étrangers attendent en France qu’un juge reconnaisse leur minorité. Pendant des mois, ces adolescents vivent à la rue, sans école ni protection. À Rennes, des bénévoles tentent de combler les failles d’un système qui bafoue les droits fondamentaux de l’enfant.
Par Itzel Marie Diaz