Convention pour le climat : Les citoyens ont bossé, aux politiques maintenant !

Après neuf mois de travail, les 150 citoyens tirés au sort pour participer à la Convention citoyenne pour le climat ont rendu, le 21 juin, leur rapport final.

Vanina Delmas  • 24 juin 2020
Partager :
Convention pour le climat : Les citoyens ont bossé, aux politiques maintenant !
Lors de la clôture de la Convention citoyenne sur le climat, dans l’hémicycle du Conseil économique, social et environnemental, le 21 juin.
© Katrin Baumann/Convention citoyenne pour le climat

Fierté. Soulagement. Vigilance. Après neuf mois de travail, les 150 citoyens tirés au sort pour participer à la Convention citoyenne pour le climat (CCC) ont rendu, le 21 juin, leur rapport final de 500 pages, adopté à 95 %. Au gré des auditions d’experts et de débats parfois intenses entre eux, ils ont construit un projet de société visant à répondre à la mission que leur a confiée le gouvernement : « Définir les mesures structurantes pour parvenir, dans un esprit de justice sociale », à remplir l’objectif européen auquel la France a souscrit, c’est-à-dire « réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici à 2030 par rapport à 1990 ». Certains ont « pris une claque », prenant conscience de l’urgence climatique en écoutant les climatologues. D’autres avaient déjà entamé leur propre transition écologique mais ont désormais une vision écosystémique et plus radicale. Dès maintenant. Mais tous l’affirment : ils ont fait le job, au tour des politiques !

La pression est forte sur les épaules d’Emmanuel Macron. Qu’espérait vraiment le président de la République avec la Convention citoyenne pour le climat ? S’est-il tiré une balle dans le pied ? Ces questions méritent d’être posées clairement pour qui connaît la genèse de cette convention.

Janvier 2019 : une semaine après le lancement du « grand débat national » censé calmer la colère des gilets jaunes, le collectif Gilets citoyens publie une lettre ouverte au Président et propose « la création d’une assemblée citoyenne tirée au sort chargée de faire des propositions et donnant lieu à un référendum ». Dans la foulée, l’actrice Marion Cotillard et l’écologiste Cyril Dion sont reçus à l’Élysée et soufflent l’idée que cette assemblée citoyenne prenne à bras-le-corps les questions d’environnement. Un an plus tard, Emmanuel Macron prend un engagement devant les 150 : « Ce qui sortira de cette convention sera soumis sans filtre, soit au vote parlementaire, soit à référendum, soit à application réglementaire directe. » Nouvelle démonstration de son habituelle emphase verbale, mais aura-t-il le courage de la traduire en actes ?

S’il y a des sujets majeurs qui manquent cruellement (le nucléaire, la taxe carbone…), qui fâchent (renégocier le Ceta, limiter la vitesse sur autoroute à 110 km/h…), qui restent trop discrets (l’agroécologie…), la CCC offre un programme cohérent au gouvernement pour forcer ce quinquennat qui a si mal commencé à enclencher un virage écolo. Mais, dans un contexte de récession économique post-Covid-19, le chef de l’État tiendra-t-il sa promesse ? Son bilan écolo est jugé insuffisant, même par le Haut Conseil pour le climat qu’il a lui-même créé. Et quelle valeur accordera vraiment la macronie à la parole citoyenne, elle qui a ouvert en grand la porte aux technocrates ? Emmanuel Macron a promis de répondre dès ce lundi 29 juin. L’adoption « sans filtre » du programme de la CCC ne peut être qu’un minimum si la France veut tenir ses objectifs de lutte contre le changement climatique.

Écologie
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Surpêche : en France, les stocks s’épuisent, la pêche industrielle s’accroche
Infographie 9 juin 2025 abonné·es

Surpêche : en France, les stocks s’épuisent, la pêche industrielle s’accroche

Alors que les ressources marines françaises s’épuisent, la pêche industrielle poursuit son activité à un rythme soutenu. Sous la surface, les fonds marins français sont méthodiquement ravagés par des techniques de pêche industrielles lourdes et peu sélectives.
Par Maxime Sirvins
Les pêcheurs de la baie de Granville en eaux troubles
Reportage 9 juin 2025 abonné·es

Les pêcheurs de la baie de Granville en eaux troubles

Biodiversité, tourisme, pêche, conchyliculture… la zone maritime au large de Granville et de Chausey concentre à elle seule beaucoup des problématiques qui seront à l’ordre du jour de la Conférence des Nations unies  sur l’océan (Unoc) qui s’ouvre à Nice ce 9 juin.
Par Guy Pichard
Océan : les enjeux d’un sommet plus politique qu’écologique
Décryptage 9 juin 2025

Océan : les enjeux d’un sommet plus politique qu’écologique

Du 9 au 13 juin, une soixantaine de chefs d’État se réunissent à Nice pour la troisième conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) et discuter de la préservation des écosystèmes marins, indispensable à la vie sur Terre. Focus sur 3 enjeux majeurs de ce sommet où diplomatie et politique risquent de surpasser les défis écologiques.
Par Vanina Delmas
Limousin : la ferme-usine de la discorde
Reportage 28 mai 2025 libéré

Limousin : la ferme-usine de la discorde

Malgré la colère de riverains et des associations, un centre d’engraissement de plus de 2 000 bovins verra le jour près de Limoges, porté par un groupe agro-industriel.
Par Vanina Delmas