Israël et Palestine : une horreur qui vient de loin

L’attaque du Hamas organisée samedi 7 octobre dans plusieurs villes en Israël intervient après des décennies de politique répressives à l’encontre des populations palestiniennes colonisées. Si les crimes doivent être condamnés, des éléments de compréhension sont aussi nécessaires pour dépasser l’effroi, et éviter les réactions simplistes.

Hugo Boursier  • 9 octobre 2023
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Israël et Palestine : une horreur qui vient de loin
Des Palestiniens évacuent une zone, à la suite d'une frappe aérienne israélienne sur la mosquée Sousi dans la ville de Gaza le 9 octobre 2023.
© Mahmoud HAMS / AFP

Jour après jour, le nombre de personnes mortes, blessées ou portées disparues augmente et, sans doute, le bilan ne va pas cesser d’empirer. Depuis samedi 7 octobre, date à laquelle les forces du Hamas ont mené des attaques sanglantes et simultanées dans plusieurs zones contrôlées par Israël, traversant les remparts vantés par Benjamin Nétanyahou pour être infranchissables, l’horreur s’affiche en direct sur tous les écrans du monde, dont ceux des principaux concernés : Israéliens et Palestiniens.

La réaction du Premier ministre, indéboulonnable chef du gouvernement d’extrême droite le plus radical de l’histoire du pays, ne s’est pas fait attendre : dès le lendemain de l’offensive palestinienne, les chars israéliens se sont positionnés aux frontières du pays et des bombardements sur les sites stratégiques de la bande de Gaza ont été lancés. Le ministre de la défense israélien, Yoav Galant, a annoncé un « siège complet » de ce territoire de 360 km2. « Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence », a-t-il déclaré, ajoutant que l’accès à l’électricité, à la nourriture et au gaz allait être fermé.

Dimanche 8 octobre, plus de 1 000 morts étaient à déplorer et près de 200 otages étaient encore retenus par le Hamas. C’est le début d’une « guerre longue et difficile », selon les mots de Benyamin Netanyahou, qui peut se vanter d’avoir, dans l’horreur, opportunément rassemblé autour de lui l’opposition israélienne, prête à rallier un « gouvernement de combat », et d’avoir éteint la contestation citoyenne contre une réforme de la justice qui lui donnait tous les pouvoirs.

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Comment comprendre une telle situation ? Vu de France, les commentaires fusent pour ranger chaque acteur de ce conflit vieux de plusieurs décennies dans des catégories bien rangées : les bons, les mauvais, les victimes, les coupables. Qu’importe la complexité de la situation, il faut trancher. Blanc ou noir. Comme si la condamnation des violences empêchait d’avoir une réflexion plus profonde sur ses causes. Avant la parution de notre hebdomadaire de la semaine et de divers articles sur le site, Politis donne à entendre ici d’autres sons de cloche. Des analyses, entretiens ou enquêtes qui racontent l’histoire d’un conflit, de ses origines jusqu’à ses derniers récents visages tragiques.

Dans ce hors-série paru en 2018, Politis et Orient XXI retraçaient l’histoire complexe des relations entre Israël et Palestine. Un numéro exceptionnel à retrouver sur notre boutique.

La question coloniale

Depuis plusieurs années, les violences commises par les Palestiniens comme les offensives de l’armée israélienne sur Gaza sont commentées de manière éparse. Comme si elles n’étaient rattachées à aucun contexte. Aucun passé commun, aussi brutal soit-il. Pourtant, le fil rouge qui lie ces événements reste le même depuis longtemps : il s’agit de la question coloniale. Denis Sieffert revenait sur l’étendue de cette réalité dans une longue analyse à retrouver ici.

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Quels sont les impacts de la colonisation sur la société israélienne ? L’universitaire Mazin Qumsiyet et la journaliste Kifah Abdul Halim répondent à cette question, très peu traitée dans les médias occidentaux : « Ce qu’il faut comprendre, c’est que là où il y a colonisation, il y a des conséquences irrémédiables sur la société et l’environnement », expliquaient, en 2016, ces deux fins connaisseurs de la situation locale. Les ouvrages de Sylvain Cypel et de Charles Enderlin partageaient la même ambition : décrypter ce que la politique d’Israël fait aux Israéliens. Ils étaient tous deux chroniqués par Denis Sieffert, dans un article à retrouver ici.

La situation géopolitique

Le 13 septembre 1993, dans les jardins de la Maison Blanche, la poignée de main entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, sous les yeux de Bill Clinton, symbolisait les accords d’Oslo. Lesquels n’ont pourtant jamais rompu avec la logique coloniale.

Accord d’Oslo, 30 ans après

Le 13 septembre 1993, dans les jardins de la Maison-Blanche, la poignée de main entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, sous les yeux de Bill Clinton, symbolisait les accords d’Oslo. Trente ans plus tard, l’échec de cet accord de paix est cuisant. Politis a constitué un large dossier pour comprendre les raisons d’une telle situation.

Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen, a qualifié que l’attaque du Hamas était « purement du terrorisme », comment analyser l’attitude de l’UE par rapport au conflit israélo-palestinien ? Explications ici.

Les peuples palestiniens face à la guerre permanente

Subissant un blocus mortifère imposé par Israël depuis 2006, et contrôlé par le Hamas, l’étroit territoire de la bande de Gaza se meurt dans l’indifférence internationale. Comment y vit-on ? Reportage dans ce que beaucoup appellent « la plus grande prison à ciel ouvert du monde ».

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Colère et frustration. Deux sentiments qui traversent les familles palestiniennes, qu’elles vivent en Cisjordanie ou à Gaza. Inès Abdel Razek, directrice du Palestine Institute for Public Diplomacy, organisation indépendante palestinienne de mobilisation internationale pour les droits des Palestiniens, installée à Ramallah, raconte les détails de cette politique d’apartheid.

Contourner les partis traditionnels pour choisir d’autres modes de résistance : c’était un des enjeux, en 2021, pour une partie de la jeunesse palestinienne éclatée dans plusieurs territoires.

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