Avec Mellick, en avant la Ve République!

Michel Soudais  • 8 juin 2007
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Ségolène Royal adoubée par Jacques Mellick. C’est la scène qu’ont pu voir, jeudi soir, les téléspectateurs du journal de France 2. Jacques Mellick c’est ce maire (PS) de Béthune (Pas-de-Calais) condamné à cinq ans d’inéligibilité en 1997 pour un faux témoignage en faveur de Bernard Tapie dans l’affaire VA-OM. Si sa complicité avec l’homme d’affaire l’a fait chuter, Jacques Mellick a aussi eu à faire face à des mises en examen pour des affaires liées à sa gestion municipale. Enfin, dernier détail qui n’est pas anodin, sa section est aussi une de celle qui, au PS, donne lieu à contestation lors des votes internes du PS.

De nouveau candidat pour récupérer le siège de sa circonscrition, Jacques Mellick, réélu maire de Béthune en 2002 après avoir purgé sa peine, n’est pas un élu de première fraîcheur: il avait déjà dirigé cette ville de 1977 à 1996 et été député de 1978 à 1988, puis de 1993 à 1996. Il avait également été secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, ministre délégué à la Mer et secrétaire d’Etat à la Défense entre 1988 et 1992 sous les gouvernements Rocard, Cresson et Bérégovoy.
C’est le même élu qui, avant de lui remettre un bouquet de fleur au nom des socialistes de la région, jeudi soir, à Lille, en clôture du dernier meeting du PS, s’est adressé à l’ex-candidate à l’Elysée en ces termes: «Ségolène, tu es aujourd’hui celle qui incarne tous nos espoirs.»

Evidemment, notre édile ne parlait pas des législatives. La présidente de la région Poitou-Charentes ne s’y présente pas. En portant ainsi ses espoirs sur la compagne de François Hollande, c’est à une autre échéance que songeait Jacques Mellick. Quelques heures plus tôt, Ségolène Royal avait fait part aux journalistes qui l’accompagnait de sa résolution à présenter une motion au prochain congrès du PS. Signifiant ainsi qu’elle avait bien l’intention de prendre la tête du parti et de succéder au père de ses enfants.

Tout sourire durant cet hommage du maire de Béthune, Ségolène Royal a paru l’apprécier. Ce n’est pas la première fois que l’on voit des féodaux « socialistes », experts en clientélisme, parmi les premiers supporters de la Dame en blanc. Il suffit de rappeler le rôle qu’on joué dans sa désignation les dirigeants et cadres des fédérations des Bouches-du-Rhône et de l’Hérault, dont l’homme fort reste le très contestable Georges Frêche. Cela augure bien de la «rénovation» du PS et du «socialisme du réel» prônés par Mme Royal.

L’ex-candidate a d’ailleurs donné, vendredi matin, une nouvelle illustration de la rénovation royaliste qu’elle veut impulser dans le vieux parti d’Epinay. Interrogée sur la façon dont le PS devait s’organiser pour être plus offensif à l’avenir, elle a déclaré sur France-inter: «Il faut que les socialistes acceptent la logique actuelle de la Ve République.»

On aimerait savoir ce qu’en pense Arnaud Montebourg…

Temps de lecture : 3 minutes
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