Le côté du manche

La justice internationale qui poursuit le Soudanais Omar el-Béchir gagnerait en crédibilité en jugeant aussi les plus puissants.

Denis Sieffert  • 19 mars 2009 abonné·es

Avant le président soudanais Omar el-Béchir, trois autres présidents ont été poursuivis par la justice internationale pendant l’exercice de leurs fonctions. Le président libérien Charles Taylor a été inculpé en mars 2003 de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité durant la guerre civile en Sierra Leone (120 000 morts entre 1991 et 2000). Arrêté au Nigeria, où il s’était réfugié, il est jugé depuis juin 2007 par le Tribunal spécial de Sierra Leone, délocalisé pour la circonstance… à La Haye.

La capitale néerlandaise est aussi le lieu du procès entamé en février 2002 contre l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, accusé de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Bosnie, au Kosovo et en Croatie entre 1991 et 1999. Slobodan Milosevic est mort en détention, le 11 mars 2006. Son ancien allié, le président serbe Milan Milutinovic (de 1997 à 2002), a comparu avec cinq coaccusés de juillet 2006 à août 2008 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il a été acquitté le 26 février dernier. Ses coaccusés ont été condamnés à 15 et 22 ans de prison.
On observera qu’aucun des « grands de ce monde » ni de ceux qui bénéficient de leur protection n’a jamais essuyé les foudres de la Justice internationale. Ni George W. Bush, pour le million de morts en Irak, ni Ariel Sharon ou Ehoud Olmert, en Israël, ni Vladimir Poutine, commanditaire des massacres en Tchetchénie, ni aucun des dirigeants chinois, pourtant responsables de l’oppression du Tibet et de la répression des mouvements sociaux dans leur pays, n’ont jamais été poursuivis. Les accusés ne sont jamais du « côté du manche ». Cela n’atténue pas leur responsabilité, mais cela affaiblit la portée d’une justice qui se voudrait universelle.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes